capitaine56 Toujours près de la mer, 14/12/22, 19:18 |
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En voilà un titre bizarre ! ![]() Louis Chiron Les Allemands ? très peu pour moi ! Je viens de passer mon C.A.P., je pourrais faire semblant de ne pas les voir, mais non ! Grâce à une filière d’évasion, le réseau « Onyx » je parviens à gagner l’Algérie d’où, au sein d’un groupe de militaires canadiens ayant participé dans les rangs britanniques à l’Opération Torch, je pars vers l’Angleterre où j’envisage de rejoindre le Général de Gaulle. Onyx...un nom prédestiné pour un futur gemmologue ! En janvier 1943, je me trouve brièvement, ébloui, présenté au Grand Homme, mais le hasard, la chance, font que l’on me propose de m’engager dans la Royal Air Force, alors qu’il n’y a pas de place pour moi dans les Forces Aériennes Françaises Libres. Comment est-ce possible ? Souvenez-vous que je suis arrivé en Angleterre au milieu d’une bande de Canadiens, pour la plupart Québécois et francophones. Les Anglais m’assimilent à leur nationalité et hop : Quelque mois d’un stage pour le moins intensif pendant lesquels j’apprends à piloter, à sauter en parachute, ce qui me vaudra mes seules blessures « de guerre » car, poussé par un instructeur un peu trop pressé, je m’abîme les deux genoux lors d’un atterrissage mal maîtrisé, blessures que je traîne encore plus de 75 ans plus tard ! Qu’à cela ne tienne, me voici « Pilot Officer » et voici que l’on me confie, à moi, gamin à peine sorti de l’adolescence, les commandes de l’un de ces nombreux bombardiers Lancaster qui vont, chaque nuit, arroser la terre allemande d’une pluie de bombes. ![]() Quel engin que cet avion ! quatre moteurs Rolls Royce, sept membres d’équipage, 6350 kilos de bombes, 3000 kilomètres de rayon d’action et un ridicule armement de défense composé de mitrailleuses de 8mm. Notre équipage comprend sept membres de sept nationalités. Le navigateur, qui fait office de commandant de bord, est le seul britannique. Je suis le seul « québécois », pardon, Français. ![]() le tableau de bord de mon avion Une seconde vie commence. J’ai 18 ans. ![]() FIN DU PREMIER CHAPITRE --- |
renaud (Modérateur)![]() 14/12/22, 22:21 (Modifié par renaud (Modérateur) le 14/12/22, 23:06) @ capitaine56 |
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Coucou Michel, --- |
Exupery (Modérateur)![]() 14/12/22, 22:38 @ capitaine56 |
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Quel plaisir de te relire Capitaine, et avec un article de derrière les fagots qui commence bien! Le témoignage d'un Français pris pour un Canadien enrôlé à 18 ans dans la RAF... Les bombardements aveugles de Dresde et Hambourg... On attend avec impatience le reste, et comme dit Renaud, n'hésite pas à signaler s'il y a un souci pour la mise en ligne. --- |
neuf75 (Modérateur)![]() ![]() 14/12/22, 23:24 @ capitaine56 |
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👍👍👍 --- |
strikeline![]() 15/12/22, 00:48 @ capitaine56 |
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Un grand Merci Capitaine pour ce récit délectable. --- |
Montres1![]() Lagos - Nigéria, 15/12/22, 08:13 @ capitaine56 |
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Merci Capitaine, j'ai hâte de lire la suite ! |
gibus![]() La Rochelle, 15/12/22, 20:15 @ capitaine56 |
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Vivement la suite ! --- |
Servius 15/12/22, 20:46 @ capitaine56 |
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Merci Capitaine, encore un récit qui promet… |
basyl177![]() Paris, 16/12/22, 09:02 @ capitaine56 |
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Quelle joie de revoir un écrit signé du Capitaine ! --- |
capitaine56 Toujours près de la mer, 16/12/22, 16:21 (Modifié par capitaine56 le 16/12/22, 16:49) @ basyl177 |
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CHAPITRE DEUX: ![]() La Môme Moineau, son avion, l'une de ses voitures Ainsi fut fait, mais aussi vite qu’il m’est possible, je rejoins ma province natale, bien loin de la côte d’azur. En effet, je suis né en Bretagne, d’une mère Bretonne, de grands parents Bretons et je me sens breton jusqu’au bout des ongles, quand bien même mon Papa soit d’une toute autre origine. Après avoir œuvré à Monaco, c’est à Quimper, sur les rives de l’Odet, dans une région où n’existent encore que peu de joailleries que je vais enfin me rendre pour y exercer mes talents et c’est là que va débuter ma troisième vie. Du 1er décembre 1947 au même jour anniversaire, 1er décembre de l’année 1967, je travaille en chambre pour une clientèle privée et en sous-traitance pour de grandes marques de joaillerie. Vous avez remarqué ? Premier décembre, jour de la Saint Éloi, patron des métiers du métal, donc des horlogers, des joailliers et des orfèvres. Amusant, non ? (Il chantonne en riant) : « Trois orfèvres, à la Saint Éloi … » Gagnant convenablement ma vie, j’ouvre au début de 1968 un magasin dans un bel immeuble de la vieille ville pour y développer encore mon activité de joaillier. Bientôt je suis sollicité par des marques d’horlogerie, ce qui ne m’attire guère. Pendant près de deux ans, Rolex va tenter de franchir ma porte. Je finis par céder à la fin de 1969. Vient le tour de Cartier, que j’accepte de représenter en 1970, après avoir longtemps tergiversé. Nous voici arrivés dans le vif du sujet ! Soyons clairs : je n’avais pas alors d’attirance particulière pour l’horlogerie. Je n’avais pas reçu de formation à ce métier. Qu’à cela ne tienne ! un stage de quinze jours chez Rolex pour apprendre à régler les montres, à remplacer les verres et à assurer leur étanchéité et la messe est dite ! Les révisions de toutes les montres que je vais vendre seront le plus souvent effectuées soit dans les ateliers des maisons-mères, soit chez des sous-traitants homologués, tel le merveilleux Monsieur Huguet, à Nantes, un sacré perfectionniste celui-la !, chez qui viennent en révision toutes les Rolex de l’ouest de la France. Dans les dernières années, l’essentiel des travaux est assuré par l’un de mes deux employés ; mais joaillier je suis, joaillier je resterai toute ma vie. Aujourd’hui encore, je suis expert en gemmologie auprès de tribunaux, à mon âge ! Mais ceci est une autre histoire. C’est cet attachement à ma formation et à mon métier qui me permettra au fil des ans de tenir la dragée haute aux manufactures horlogères : je n’ai pas besoin d’elles pour vivre, d’autant que je demeure également, pendant des années, pilote-instructeur dans l’Aéronavale. Restons cependant dans le domaine qui vous intéresse : les montres. De par ma formation, j’ai toujours été porté vers le beau, le raffiné, le haut de gamme. Je respecte cette orientation dans le choix des marques que je vais représenter. Figurent sur ma carte Audemars Piguet, Vacheron & Constantin, Jaeger Le Coultre, Piaget, Breitling et Omega, quoique que pour cette dernière marque je choisisse de ne présenter que la gamme dite « de prestige », avec des boîtiers uniquement en or. De ma vie je n’ai vendu la moindre Speedmaster comme celle que vous portez ce soir ! Il m’est arrivé par contre de vendre des Patek Philippe car, bien que je ne sois pas distributeur officiel, il me suffisait d’un simple coup de téléphone pour être livré sans problème. Quelle époque ! Pour faire bonne mesure, je propose aussi Blancpain, Ebel et surtout Universal Genève, l’une des marques que j’affectionne particulièrement, avec IWC. IWC... Il faut dire que lorsque j’étais pilote dans la RAF, j’avais reçu en dotation une montre de cette manufacture. A la fin des hostilités, les britanniques m’ont laissé toute ma dotation vestimentaire, à l’exception de mon parachute et de cette montre. Quel dommage ! Bref, longue est la liste des marques que je représente, mais je suis le seul à faire mes choix quant à ces marques et quant aux modèles que j’achète. Il est hors de question de m’imposer un panel de montres tel qu’exigé par les marques. Je ne prends rien en dépôt. Je paie cash, donc je choisis. C’est ma règle et jamais je n’en dérogerai. Ainsi, par exemple, j’en viendrai à virer sans autre forme de procès Jaeger Le Coultre dont la politique commerciale me déplaît. D’autres suivront, à leur plus grand dépit. Je me souviens qu’un jour, le représentant de Cartier, très sûr de lui, me pose la question : « Quelle est chez vous la marque de bas de gamme ? - Cartier. » Tête du bonhomme … Je n’ai pas omis d’inscrire à mon catalogue ma marque favorite : Zénith. J’étais et je demeure amoureux des Zénith. Ah ! j’ai aussi un faible pour les Panerai, pour un motif particulier. Je vais vous raconter l’anecdote : en 1945, au cours d’un stage en Écosse, je fais la connaissance d’un homme déjà célèbre : Lionel Crabb, le fameux homme-grenouille qui avait lutté, à Gibraltar contre les hommes de la « Decima MAS », les commandos de nageurs de combat italiens du Prince Borghese. Lorsque, après le retournement des alliances en 1943, ces combattants italiens rejoignent l’unité commandée par Crabb, celui-ci constate que leur matériel est bien supérieur à celui de la Navy et découvre, en particulier, les montres Panerai qu’ils utilisent. C’est lors de ma rencontre avec Crabb qu’il me fait découvrir cette montre. Il ne s’arrête pas là : il m’offre une combinaison de plongée italienne que j’ai utilisée pendant des années, avec d’autres, car j’ai pratiqué la plongée sous-marine jusqu’à beaucoup plus de 80 ans. Après quoi, j’ai offert tout mon mon matériel à la SNSM (Société Nationale de Sauvetage en Mer) Bon, me voici encore reparti outre Manche ! Revenons en Bretagne et à nos montres. A mes montres : lorsque j’ai décidé de cesser mon activité commerciale, j’ai aussitôt vendu mes Rolex, mes Cartier et autres montres personnelles et je n’en conservé que quelques unes, essentiellement mes Zénith : trois ou quatre El Primero, que j’aime bien ; et une Vacheron Constantin, aussi ; une Blancpain, que j’ai donné à mon fils, qui ne la porte jamais… Certes, j’aurais pu garder mes Rolex, en souvenir de l’accueil chaleureux que j’ai toujours connu lors de mes visites en Suisse, mais je détestais la spéculation sévissant déjà autour de cette marque. Je vous en donne un exemple : Un jour je reçois deux Daytona, chacune des deux couleurs de cadran disponibles à l’époque. Peu après, un appel téléphonique me parvient de Milan, ce qui n’est pas la porte à côté ! « J’ai appris que vous aviez deux Daytona ? -Oui. Comment diable savez-vous cela ? -Par la maison, que j’ai contactée. Accepteriez-vous de m’en vendre une ? -Bien entendu. -Si je prends l’avion demain, vous me la gardez ? -Évidemment. » Surprise, dès le lendemain, mon Italien débarque ; Milan-Paris, Paris-Quimper, l’homme n’a pas perdu de temps ! Je lui remets sa montre. « Me vendriez-vous la seconde ? -Pourquoi pas ? -Alors, je la prends également. » Comme je refuse d’être payé avec une carte de crédit, l’homme fonce à une banque, revient un peu plus tard avec l’argent liquide, ce qui laisse à imaginer quelle pouvait être sa surface financière, me paie, attrape son colis et déclare, avant de franchir la porte : « C’est un beau cadeau que vous m’avez fait. Je vais revendre immédiatement la seconde. Elle me paiera le prix des deux. » écœurant ...mais parlons d'autre chose. Le café de votre épouse est délicieux. J'en veux bien un second. Où en étions-nous, déjà? Ah, oui! Rolex... --- |
cervi 16/12/22, 17:06 @ capitaine56 |
FEVRIER |
C'est captivant et fort bien écrit. Vivement la suite. Chapeau mon Capitaine |
strikeline![]() 16/12/22, 19:12 @ capitaine56 |
FEVRIER |
» écœurant ...mais parlons d'autre chose. --- |
capitaine56 Toujours près de la mer, 22/12/22, 14:56 (Modifié par capitaine56 le 22/12/22, 16:09) @ capitaine56 |
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Exupery (Modérateur)![]() 22/12/22, 16:20 @ capitaine56 |
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A bientôt alors, et bonnes fêtes de fin d'année --- |
Mnementh Toulouse, 23/12/22, 00:10 @ capitaine56 |
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» En raison de quelques petits problèmes personnels, je me vois contraint de --- |
syrap 25/12/22, 12:38 (Modifié par syrap le 25/12/22, 13:27) @ Mnementh |
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J’ai 20 ans et j’ai participé à cette tuerie … --- |
Rav6en![]() Paris, 05/01/23, 09:04 @ syrap |
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Syrap, --- |
syrap 14/01/23, 23:45 @ Rav6en |
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» Syrap, --- |
capitaine56 Toujours près de la mer, 15/01/23, 17:57 @ syrap |
FEVRIER |
0 Syrap: --- |
Rav6en![]() Paris, 16/01/23, 10:46 @ capitaine56 |
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Bonjour Capitaine, --- |
nonosore 04/01/23, 15:33 @ capitaine56 |
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Je ne savais pas quoi répondre, juste un merci pour cette agréable lecture! |
Watch_addict![]() 04/01/23, 16:14 @ capitaine56 |
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Merci pour ce voyage, j'attends la suite avec impatience. --- |