Les détails rédhibitoires (Général)

posté par Servatempus , 30/10/20, 21:40
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Bonjour Mnementh,

Je parle de tolérance d’usinage et tu parles de précision horaire. :no:

De même, sur la photographie du Seiko 6R15 que tu postes, on ne voit que les finitions décoratives, absolument pas les finitions fonctionnelles.

Nous ne parlons donc absolument pas de la même chose.:no:

La finition fonctionnelle correspond pour l’essentiel à toute autre chose que les finitions de décoration, ce que l’on appelait autrefois la terminaison.

La terminaison pouvait dans le temps apporter une réelle plus-value technique : un anglage permettait de garantir l’absence de résidus métalliques qui se détachent des arrêtes et viennent se balader dans la mécanique, les côtes de Genèves permettait de retenir les micro-poussières dégagées par l’usure des pièces, etc.

Aujourd’hui, la terminaison n’a, quasiment, qu’une fonction décorative car l’usinage fonctionnel a tellement évolué vers le mieux durant le XXème siècle que les ingénieurs ont intégré cette dimension de production dans la conception même des calibres.

Et contrairement à ce que tu laisses entendre, je ne crois absolument pas que cette finition fonctionnelle soit bâclée sur le Seiko 7S26.

Bien entendu, je connais les différences de normes de précision horaire entre le PP 215 et le Seiko 7S26. :lol:

Je ne les ai pas évoqués pour une raison simple : le cahier des charges de ces deux mouvements n’a strictement rien à voir.

Contrairement à ce que tu peux penser, le 7S26 n’est pas moins précis que le 215 parce que ses tolérances d’usinage sont moins bonnes. Il répond seulement à un compromis technique différent. Point barre.

En effet, le 7S28 pourrait parfaitement obtenir le même niveau de précision que le 215 en montant à une fréquence de 4 Hz et en faisant deux-trois petites modifs sur les composants. C’est un calibre qui en serait parfaitement capable.

Sauf que les ingénieurs japonais de Seiko ont privilégié une autre option : celle d’un calibre qui fonctionne le plus longtemps possible avec une précision correcte sans révision.

Et les Japonais sont, sur la question de l’ingénierie technique, loin d’être des abrutis.

Ce qui donne le choix suivant pour un calibre économique de cette catégorie : un balancier un poil plus petit à ce qu’il est d’usage sur les calibres à fréquence de 3 Hz pour moins solliciter l’échappement couplé à un ressort court mais puissant (d’où une faible réserve de marche mais un ressort que l’on n’a pas besoin de changer tous les 10 ans, contrairement aux calibres des 4 Hz, d'autant qu'il est réalisé dans le fameux alliage de Seiko, nettement meilleur que celui utilisé la plupart du temps dans les ressorts suisses).

Résultat : un calibre qui fonctionne presque sans lubrification et qui va garder sa précision une bonne vingtaine d’année sans voir l’établis d’un horloger, voire plus si la montre n’est pas trop mal portée. Ce qui est pas mal quand on sait que la plupart de ses montres ne verront jamais un horloger…

L’écart de marche journalier de ce calibre, un peu erratique parfois, je l’accorde, n’est que le résultat de sa basse fréquence et de son balancier à système réglant économique.

Au demeurant, le PP215 n’a d’ailleurs pas toujours fonctionné à 28800 alternances / heure.

Il fonctionnait auparavant à 21 600 alternances / heure et la fréquence a été modifiée par PP pour diminuer les écarts de marche…

En effet, ce calibre n’a jamais eu la réputation d’être un foudre de guerre en termes de précision horaire.

La montée en fréquence est une technique des constructeurs de mouvement pour augmenter la précision des montres sans forcément améliorer la qualité des opérations de réglage ou des composants…

Dans les années 60 à 70, on a assisté à l’upgrade de toute une génération de calibre afin de concurrencer les montres électroniques à moindre coût. C’est le cas par exemple du Peseux 7001 dont le prédécesseur fonctionnait à 18000 alt/h.

Les grands parents du 2824-2 fonctionnaient à la base sur du 18 000 alt/h. Durant cette période, ETA s’est amusé à sortir des versions à 21 600 alt/h et même 36 000.

Bref, tout ça pour dire qu’un calibre comme un ETA 2824 peut très bien présenter des surfaces apparentes peu esthétiques et pourtant éclater en chronométrie un prétendu calibre dit de « Haute Horlogerie ». :lol:

Tout ça grâce à des tolérances d’usinage quasi-équivalente et des choix de composants au niveau de l’échappement un peu soignés.

Pour revenir au PP215, mon point de vue sur ce calibre est très clair : il est proprement scandaleux qu’une marque avec les prétentions de Patek Philippe vende ce calibre avec ce niveau de conception technique et cette finition à ce tarif !!! C’est tout simplement du f***** de g*****.

Mais ça n’engage que moi.:-)

Et en même temps, je m’en fiche, je ne suis pas la cible clientèle, qui, une fois de plus, j’insiste, achète surtout de …l’imaginaire !!! :-P

Pour ma part, pour une fraction du prix d’une Calatrava, je conseillerai clairement de s’orienter vers Nomos qui, à très peu de différences techniques, offre quasiment la même chose. Certainement l’un des meilleurs rapport Q/P avec quelques rares autres marques allemandes et japonaises à l'heure actuelle.

Bref, j'en reviens encore une fois au sujet initial : le détail n'est pas un détail, surtout en horlogerie...

:flower:

Amitié,

Servatempus

PS : J’ai un peu fouillé dans mes docs techniques et il semble qu’aussi bien pour PP que pour Seiko, on soit plutôt autour de 1 ou 2 microns de tolérance d’usinage pour les parties les plus critiques… Si certains ont des informations sourcées et fiables à ce niveau...:hungry:

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Le renversement est le mouvement du Tao, la faiblesse sa modalité.


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