Sauvetages et...trop tard! (Vintage)

posté par capitaine56 , Toujours près de la mer, 19/08/20, 17:39

Il existe une Ligue de Protection des Oiseaux, une Société de Protection des Animaux, un Conservatoire du Littoral, une Société Pour la Protection des Sites et des Paysages de France, mais il n’existe rien pour la protection, la sauvegarde et la conservation des vieilles montres, sinon des musées et des collectionneurs. Loués soient-ils, car en la période que nous vivons, le massacre de nos petites chéries atteint des sommets. La soif de l’or, vous connaissez ? Partent à la fonte, sous prétexte de ramasser quelques sous, des objets irremplaçables. Permettez que je vous présente trois exemples.

Voici peu, me tombe entre les mains une petite montre de col de la fin du XIXème siècle, ou du début du XXème, pas d'hier, quoi, signée de deux artisans français. Le petit joujou fonctionne, il est dans un état parfait, seul lui manque un verre perdu au cours de sa longue vie. Le verdict tombe : à la casse !

Plus récemment encore, une seconde petite vieille, anonyme celle-là, mais remontant clairement à la même époque. Boîtier en or également et, pour faire bonne mesure, un mignon petit décor souligné de diamants véritables. Le mouvement fonctionne également, mais la couronne de remontoir n’agit plus, faute à la rouille qui en a dévoré la tige. Le verdict tombe à nouveau, terrible : à la fonte !

Seigneur ! Ils sont devenus fous !

En preux chevalier que je suis, je vole en grand arroi au secours des deux donzelles, je pourfends l’ogre, je mets à l’abri les malheureuses et je leur promets de rendre bientôt à celle-là le verre, à celle-ci la tige. Je connais un magicien qui saura prononcer les quelques abracadabras et autres incantations, qui se chargera de l’opération et des gestes rituels et que je m’en vais aller visiter sous peu en son antre. Bientôt, je vous parlerai de lui, mais aujourd’hui, ce n’est pas le sujet.

Voici mes deux petites protégées. Je sais, je sais ! Cela n’a rien à voir avec vos Speedmaster, vos Daytona et autres Nautilus. Peu me chaut, braves gens, et je suis bien content !

Mademoiselle de Paris, « Poitevin et Lejeune » , tour de taille 23,5 millimètres:
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Mademoiselle « anonyme », tour de taille 29,7 millimètres
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Heureux je suis. Enfin presque, car, hélas, il y a un « trop tard »...

Il existait autrefois, quelque part en la Perfide Albion, une famille de watchmakers londoniens. La dernière adresse de ces braves gens (car un véritable horloger, fut-il anglois, est à mes yeux un brave homme) se situe au 24 Spencer Street, Goswell Road, Northampton Square, London. Grandpa Benjamin Moore était watchmaker, Grandma Mary Ann Moore était watchmaker, Dady John et Mam’ Ann Moore, frérot George Moore étaient watchmakers, c’est dire !

Aujourd’hui, à la susdite adresse, on trouve, si l’on en croit Google Street, une entrée de l’Université de Londres qui n’a rien à voir avec le métier de tous ces braves gens. Ainsi va la vie. Pourtant, jusqu’en 1882, l’un de ces braves gens (j’adore ce genre de répétition), répondant au nom de Edwin Lock Moore œuvrait en ce lieu. Et notre brave Edwin Lock savait fabriquer ce genre de chose :

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Je prie mon honorable lectorat de bien vouloir noter que cet ongle en deuil ne m’appartient pas. Il est celui d’un lointain descendant d’un feu Lord Maire de Londres qui fut en son temps propriétaire de la montre ici présentée et dite, ce me semble, « hunting watch ».

Que mon très estimé lectorat sache que cette montre est la sœur d’une pauvrette dont le triste cadavre vient de choir entre mes mains apitoyées. Victime d’un stupide propriétaire avide d’or et d’argent frais, la malheureuse a subi, et sa lourde chaîne avec elle, le triste destin d’une foule de petites merveilles passées au four de la bêtise et de la convoitise.
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Braves gens, braves gens, ne jetez pas au bûcher ces délicats objets, vous en seriez punis un jour comme un horloger que j’ai bien connu et qui a fondu, dans un illégal four installé en son domicile une foule de montres avant d’être rattrapé par la Loi.

Mais ceci est encore une autre histoire...

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Je tiens beaucoup à ma montre, c'est mon Grand Père qui me l'a vendue sur son lit de mort (W. Allen)


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Kim75
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