La crise horlogère, la faute à Apple ? (Billet d'humeur) (Articles)

posté par BB Webmaster , 25/10/16, 15:17
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Bonjour à tous !

Je poste un lien ici, en ayant un peu l'impression de tirer sur une ambulance, mais tant pis, on y va quand même...

Il y a un peu plus de 1 an de ça, tous ceux qui ont parmi leurs contacts FB un certain "journaliste horloger" avaient, chaque jour sur le fil d'actus, des posts expliquant à quel point l'industrie horlogère suisse avait tout raté avec l'arrivée de l'Apple Watch, qui allait grosso modo tout cramer sur son passage. En même temps, une crise grave de l'horlogerie s'amorçait en Suisse. Et que fit donc le journaliste ? Un magnifique lien entre les 2, la crise étant la preuve de l'erreur stratégique de ne pas avoir tout misé sur ces foutues montres connectées.

Il y a plusieurs mois, j'avais posté un mot ici, faisant part de mes doutes concernant cette analyse pour le moins simpliste, et mettant en doute le succès réel de cette fameuse "Apple Watch" ainsi que du marché soi-disant mirifique des montres connectées. A part quelques apple addicts, la plupart des membres était plutôt d'accord d'ailleurs avec ce point de vue, mais est-ce que notre toute petite population constitue un point de vue valable ? Rien n'est moins sûr.

Cependant, aujourd'hui je lis ça : http://siliconvalley.blog.lemonde.fr/2016/10/25/les-ventes-dapple-watch-seffondrent/

CQFD. Ce marché mirifique, que certains analystes chiffraient à des centaines de millions d'appareils par an, n'existe pas, sauf pour un marché de niche, celui des utilisateurs axés "fitness", qui étaient déjà là avant l'Apple Watch.

Le but de ce post n'est pas d'en rajouter encore sur l'enfumage colossal qu'a été le lancement de cet appareil (je ne parle pas de "montre";). C'est un bide, Apple en a connu d'autres, et il y en aura encore sur son chemin.

Par contre, là ou je veux en venir, c'est la crise de l'industrie horlogère suisse. Maintenant qu'on peut exclure l'arrivée des montres connectées comme cause réelle de la crise, est-ce que les acteurs du marché pourraient, ne serait-ce qu'une seule fois, se remettre en question ? Est-ce que ils pourraient envisager que cette crise n'est PAS exogène, les causes se trouvent dans le choix de positionnement opéré par une bonne partie des marques depuis l'embellie des années 2005-2010 ?

Aujourd'hui, à part quelques marques, tout le monde fait des "produits de luxe". Et communique amplement selon les codes de cette industrie. Mais aussi, avec la volatilité et la volubilité qui marquent ce segment. Au point que l'ensemble de la production horlogère est maintenant vue comme un artifice, un élément hautement visible de la posture ostentatoire. Or, l'ostentation, ça marche un moment, et ça a besoin de renouveler ses marqueurs très vite, car sinon tout le monde se retrouverait à pied d'égalité... Ce que l'ostentatoire déteste par dessus tout. L'ostentation, c'est ce qui a porté l'embellie de l'industrie sur les 5 années précédant la crise. Pendant cette période, aucune extravagance n'était de trop, aucune montre n'était trop grosse pour être portée, et surtout aucun prix ne semblait trop haut... Les tourbillons ne pouvaient plus se concevoir que par 2 ou 3, ou bien sur 2 ou 3 axes. Les boîtiers en saphir devenaient monnaie courante, et la course au ridicule ne connaissait plus de limite. Combien ici ont vu des "nouveautés" tellement énormes qu'on se demandait QUI aurait pu porter ça en allant au boulot, quel qu'il soit ? Ce marché de niche, defriché à mon sens par Max Busser avec ses MB&F, est devenu un nouvel eldorado. Je me rappelle encore de ma déception quand j'ai découvert ce que des "créateurs" avaient fait avec une marque que j'ai toujours adoré, Angelus. Angelus saccagée, Angelus Outrée...

Alors, dites-moi, est-ce que tous ces pontes du marketing, censés être clairvoyants et porteurs d'une vision du marché à 5 ans, ils n'ont pas vu que quelque chose clochait ? Que les acheteurs de base, ceux qui ont toujours fait vivre une bonne partie de l'industrie horlogère, le "quidam moyen", le cadre qui se fait plaisir une fois de temps en temps, tout ça ne lui faisait pas rêver DU TOUT ? Que ils étaient de creuser le fossé de façon inexorable ?

Aujourd'hui, pour moi la crise est grave, car elle vient d'une rupture de contrat entre les clients historiques et les marques. La confiance est perdue, la ficelle était trop grosse... Maintenant, comment convaincre une nouvelle génération, les millenials, qui n'ont jamais connu la montre pré-quartz, que une montre méca c'est cool ? Comment leur faire rêver avec un petit tas d'engrenages ? Ah, la question se pose...

J'aurais envie, pour une fois, de leur répondre. BACK TO THE BASICS. Vous faites quoi ? Des montres, des objets qui donnent l'heure, de façon durable, écologique, indépendante de toute source énergétique externe. Vous faites des produits qui sont censés durer des dizaines d'années. Vous faites des produits qui sont censés accompagner une vie entière. Vous nêtes pas foutus de réussir à passer le message d'un objet DURABLE, à insérer dans un monde DURABLE ? Alors, il faut changer de métier...

Pour une fois, arrêtez donc de regarder l'épaisseur du portefeuille de vos victimes, oups, clients, en se demandant de combien vous pourriez l'alléger... Regardez vos produits, regardez ceux qui aujourd'hui ne sont PAS vos clients,mettez les 2 en adéquation. Demandez-vous comment vous pourriez leur proposer un "deal", comment vous pourriez passer un nouveau contrat, avec une nouvelle génération.

Je ne suis pas là pour vous dire comment faire votre boulot, mais SVP, par pitié, arrêtez donc pour une fois de nous prendre pour des cons...

Bruno Brazil
Amateur d'horlogerie depuis + de 15 ans, mais n'ayant pas les moyens de s'acheter une "belle montre" depuis au moins 5 ans.

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Toi mon frère, je serai toujours avec toi.


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flober75, charles, Gigoch
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