Pub, bagnoles, tocantes, première partie (Articles)

posté par capitaine56 , Toujours près de la mer, 05/11/14, 11:30
(Modifié par capitaine56 le 05/11/14, 12:44)

Il y a peu, un nouvel amateur a soumis à la sagacité des membres de notre distingué forum une montre publicitaire vantant le nom d'un additif pour les carburants d'automobiles : Winns.

Ceux qui me font l'honneur de parfois me lire savent depuis belle lurette que j'ai quelques menues passions dans la vie : ma femme, mon chien, mon bateau, les automobiles et les montres, ces deux derniers vices étant partagés avec un grand nombre d'entre vous, les précédents faisant l'objet d'une totale exclusivité.

« Tiens, me suis-je dit, pourquoi ne pas traiter de ce sujet : la publicité, les automobiles et les montres? »

Et voilà, c'était gagné. Depuis lors, je n'ai eu de cesse de farfouiller à gauche et à droite, pour lever quelques gibiers de choix. Si cela vous tente, voici le résultat de la chasse.

Non. Avant d'aller au résultat, procédons par élimination :
Après consultation de la liste des constructeurs d'automobiles passés et présents, de A.A.A jusqu'à Zonda, via Austin, Mahindra, Minerva, Studebaker ou Zastava je me suis rabattu sur les seuls constructeurs français. Je peux vous dire qu'il y en avait une tripotée ! Les Ateliers d'Automobiles et d'Aviation (A.A.A.) ayant depuis des lustres mis la clé sous la porte, YO Concept n'ayant fabriqué que quelques modèles, il fallait néanmoins faire un choix. Conservons, me suis-je dit, les seules marques figurant encore au premier Salon de l'Automobile d'après-guerre qui se tint, comme nul ne l'ignore en...en ? Mais vous dormez déjà, ou quoi ? Le premier Salon de l'Automobile de Paris d'après-guerre ouvrit ses portes le jeudi trois du mois d'octobre 1946 au...au ? Grand Palais, bandes d'ignares. Un bon point pour Néo. Depuis lors le Salon de Paris, devenu modestement le Mondial de l'Automobile ouvre toujours ses portes le... le ? Le premier jeudi d'octobre, voyons ! Mais où ? A la Porte de Versailles. Un second bon point pour Néo.

Quelles marques françaises étaient là ? Plein, de Amilcar à Salmson. Infiniment moins qu'à la Grande Époque qui vit plus de trois cents pionniers naître et disparaître en quelques décennies, mais encore beaucoup. Le souci était, juste après la guerre, que les constructeurs avaient des autos à montrer, mais pas à vendre à une foule de clients potentiels, pour cause de pénurie de matières premières. Les rares privilégiés devaient disposer de bons d’achat, distribués avec plus de parcimonie que les tickets de ravitaillement ; alors, vous pensez, les objets publicitaires, hein, pour vendre la future 4CV Renault aux huit cent mille visiteurs? Qu'ils se contentent déjà d'un seul modèle disponible en une seule couleur, un vilain beige sable peut-être récupéré des restes de l'Africa Korps, on verra après.
Bon, changeons de salon. Celui de 1949 ? Présentation de la 2CV Citroën. Deux ans de délai avec beaucoup de chance, ou, peut-être six mois, si vous commandez également un véhicule utilitaire. Hélas, tout le monde n'a pas l'usage d'un U23 ou d'un U55 (ce qui permet à quelques entrepreneurs de se livrer à un juteux trafic de deux pattes). Ah ! Quelle belle époque ! Pas de montre publicitaire en rab, c'était à l'acheteur d'aligner les biffetons et de revendre sa Cartier en or. Voyons, voyons, rendons-nous en 1955... Paf ! apparition de la DS. Le délire. Naissance chez les commerciaux au double chevron de la phrase-clé du bon vendeur: « une Citroën, ça se mérite ! ». Donc, pas de montre publicitaire. Et puis quoi encore ? En revanche, l'aventure est terminée ou va se terminer pour de célèbres constructeurs : Amilcar, Delage, Delahaye, Delaunay Belleville, Hispano Suiza, Hotchkiss, Salmson, j'en passe. Je sens que mon sujet va s'étioler, faute de nourriture. Que non ! Voici qu'arrive à grands renforts de trompettes l'âge de la publicité, la « pub », qui succède sans coup férir à la « réclame » et sans laquelle nous ne saurions survivre aujourd'hui.
Dicton : « une journée sans pub est une journée perdue »
Alors là, dans les glorieuses soixante et soixante-dix, ça va dépoter, et ça n'a plus jamais cessé. Bien sûr, il y a très longtemps, bien avant les deux guerres, la « réclame » existait déjà. Et sous forme de montres. Oui Messieurs. Et dans l'automobile, même. Je ne parle pas de la tour Eiffel louée par Citroën. Depuis quand la tour Eiffel est-elle une montre ? Réponse : depuis que l'émetteur radio de la tour Eiffel diffuse l'horloge parlante. Reconnaissons que c'est tiré par les cheveux. Je suis un type sérieux, moi, je parle de montres. Donc, avant la Grande Guerre, la Der des Der, Messieurs Peugeot Frères offraient ce cadeau à quelques clients triés sur le capot-moteur :

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On peut lire: offerte par Peugeot Frères

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Au dos, on lit: le lion Peugeot

Plus tard, Delage a su se distinguer également, par ses autos, bien sûr :

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Delage 1937

Et par ce genre de montre:
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Montre Junghans pour Delage, vendue par Artcurial

Delahaye n'était pas en reste

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Roaster Delayae 135M de 1936

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Montre Delahaye, mouvement mécanique 15 rubis, vers 1950, vendue par Artcurial

Même Chenard et Walker, qui allait être bouffé par le lion Peugeot en 1950:

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Chenard et Walker Aigle 8 (vue sur Caradisiac)

Et la montre qui va bien :

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Montre Delstahl pour Chenard et walker vers 1930, mouvement 15 rubis, vendue par Artcurial

Aujourd'hui, il faut faire le tri entre les vraies montres publicitaires, celles qui étaient ou sont encore (rarement) offertes aux clients (moyennant l’achat d'un véhicule) ou aux revendeurs (moyennant l'achat d'un stock de rogatons de fin de série), les montres de prestiges éditées en série très limitées pour quelques marques de haut de gamme et une méga-foultitude de tocantes parfois fort coûteuses (mais ceci ne nous regarde pas) évoquant une marque, un modèle, ou reprenant dans un but inavouable des noms célèbres pour se parer des plumes du paon.

Avec votre aimable permission, je m'en vais faire un sort à une « marque » qui, par des manœuvres que je refuse de connaître, utilise un nom argentin célèbre : De Tomaso. Qu'il me soit permis de douter que le vrai « fada-fana » qui roule dans un engin comme celui-ci :

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De Tomaso Pantera

Puisse arborer sans rougir un truc argentino-ebayo-chinois au poignet :

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Le jeu des 7 erreurs De Tomaso

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Il y a aussi des « coïncidences », enfin, si l'on veut...
En voici quelques exemples à savourer, même si certaines montres ne sont pas forcément à écraser sous les roues de la voiture du même nom, quoique...


Une Jaguar:
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Jaguar XJ13 pour homme de 1966

Une Jaguar:
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Jaguar Festina pour homme de 2013

Une Lotus :
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Lotus Elise

Comme c'est une jolie dame qui est au volant de la jolie voiture, je lui offre une joulie-joulie montre pour dame,

Une Lotus :
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Lotus "Mégalithe"

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Lotus Méga-doux"

Je déconne, là...
Pas grave, encore une p'tite couche pour les collectionneurs avertis,

Une CG
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Mignonne petite CG 1200

Une GC
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C'est du verlan ? Non, une contrepèterie enfin...j'essaie.

Allez, une dernière pour la route, histoire de ne pas partir sur trois pattes et pour les amateurs de Formule 1 de la grande époque :

Une BRM
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BRM 1968, pilotée par Pedro Rodriguez


Une BRM
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D'accord, les esprits objectifs me diront que BRM signifie en Grande Bretagne « British Racing Motors » et que BRM en très haute horlogerie de très haut de gamme de France et tout ça se dit in extenso « Bernard Richards Manufacture », mais avouez que ce n'est pas de pot: une « manufacture » spécialisée dans les montres de sport dans l'esprit de l'automobile qui tombe pile sur une appellation existant déjà dans ce milieu. Il aurait voulu le faire exprès, tiens, il aurait pas fait mieux. En plus, je fais savoir aux esprits objectifs que je suis un mauvais esprit pas objectif du tout.

Pour démonter, pardon, démontrer que BRM ne se paie pas la tête du client, un petit jeu pour vous relaxer après ce long bavardage. Voici deux montres dédiées à deux marques françaises, montres issues de cette manufacture française ci-dessus allumée :
Alpine
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BRM calibre ETA 7753

Peugeot
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BRM calibre ETA 7753

Et une italienne pour mieux comprendre, Abarth
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BRM calibre ETA 7753

Bien bien bien. Je sens venir le tir d'artillerie. Voire le procès. Voire la radiation à vie du forum. M'en fous, je reviendrai sous un faux-nez.

Et la pub, dans tout ça ? Du calme, ça vient. Encore deux petits chapitres de contournement du sujet.

Premier chapitre de contournement :

Après les homonymies plus ou moins voulues, nous évoquerons les manufacturiers horlogers liés aux constructeurs d'automobiles par des contrats de merchandising réciproques. Voilà une phrase qui fait vachement calé, non ? C'est quoi, ce truc ? C'est ça : « Breitling for Bentley », for exemple. (In french : « Breitling pour Bentley », par exemple.) C'est vrai, ça parait moins chic en français mais bon.

Voici donc l'auto « Bentley » qu'on a légèrement abîmée
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Bentley Continental GT 2013

en admirant sa « Breitling » en tout en conduisant
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Breitling for Bentley

A partir de là, on en a des tartines, avec Alpine, BMW, Cadillac, Ferrari, Jaguar, Maserati, Mercédès, Porsche, j'en passe et des bien pires. Ce ne sont plus des montres publicitaires, puisque vous les payez à bien plus qu'à prix d'or. Non, pas vous ? C'est très bien, mais je ne vous crois pas ; ou alors c'est parce que, comme moi, vous n'êtes qu'une bande de fauchés minables et que vous achetez des voitures et des montres à la brocante. Parce que si vous aviez les moyens, ça ne vous gênerait pas de rouler là-dedans

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Bugatti Veyron Super Sport

Et de montrer ça au défilé du vendredi. Dans ce cas, on ne parle JAMAIS de montre, mais de « garde-temps » assorti à la garde-robe
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Ou celle-ci, pour faire plus discret
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Mais là, ce serait pour rire, parce qu'une quartz aux environs de 300 balles dans une Veyron...

A propos de Bugatti Veyron, ce modeste modèle qu'a choisi le grrrrrrrand Karim Benzema, me sert habilement d'introduction aux marques françaises d'après 1946. Ben oui, quoi, Bugatti, marque fondée en 1909 par un italien en Alsace, alors territoire de l'Empire Germanique, appartenant au groupe tout aussi germain Volkswagen est une marque française, tout comme Renault-Nissan-Dacia, comme Peugeot-Citroen appartenant au groupe chinois...
Mais où donc m'égare-je encore, moi ?
Ne nous fâchons pas et parlons d'autre chose. Tiens, au hasard, une marque française appartenant à des monégasques :

VENTURI
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Venturi Atlantique

Et la montre qui va dedans :
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Philippe Charriol automatique, boîte or (la cote des montres)

Voici le second chapitre de contournement du sujet :

Les p'tites montres à p'tits prix évoquant des automobiles. Il y en a des containers, en provenance directe de l'Empire du Milieu par bateaux entiers. Toutes les marques y passent.

Un exemple, avec un véhicule « mythique » (j'adore ces expressions toutes faites : mythique, Graal, toolwatch, garde-temps, intemporel, hommage...d'accord, je radote) la Citroën DS19. Celle qui est représentée plus loin pourrait être un modèle d'avant 1960. La montre, certainement pas.

Vous trouverez dans le même esprit (si l'on peut dire) toute la gamme de toutes les marques, même les plus improbables :

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Autovaz (Lada)

Comment ça, c'est vaseux de glisser Autovaz parmi les marques françaises ? Et les accords avec Renault, hein ? Vous en faites quoi des accords avec Renault ?

Revenons à notre DS19 chinoise

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Citroën DS19 à acheter chez Delcampe

Encore chez Citron :

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Citroën, Total, Sébastien Loeb, à 5 euros le tout sur le Bon Coin

Chez Pijo, c'est pareil

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C'est bien fait. Il y a des 406 fabriquées en Chine. La montre aussi.

Pour l'homme sportif dans sa 604 diesel:

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Une "Abysses"...faut le voir pour le croire !

Et pour Madame

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Quartz, boîtier façon diamants, chez C Discount

N'oublions pas de citer tout le groupe :

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PSA Peugeot Citroën C Discount encore


Pour clore cette navrante énumération, on ne peut manquer les évocations de la marque au losange. Commençons, chez Rhino, par le fin du fin de la compète.

A tout saigneur, toute horreur:

Renault F1, chez le discounter déjà évoqué.

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Une autre Renault F1, il y quelques temps offerte gratuitement sur notre CDA :

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Et à l'opposé de la F1, la tuture de papa-maman-lespetits :

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Ce ne sont là que quelques exemples, je ne peux pas consacrer mon temps, extrêmement précieux, à énumérer toutes ces couenneries. J'ai juste gardé en digestif la beauté ci-dessous avant de passer, enfin, au cœur du sujet.

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L’Alpine passée au cirage bleu...

A SUIVRE...

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Je tiens beaucoup à ma montre, c'est mon Grand Père qui me l'a vendue sur son lit de mort (W. Allen)


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