C'est gonflé! (Articles)

posté par capitaine56 , Toujours près de la mer, 15/12/13, 18:25

C’est gonflé !

Le 4 juin 1782, place des Cordeliers à Annonay, un engin volant construit de la main de l’homme quitte le sol.
Le 19 octobre 1783, au faubourg Saint Antoine, trois hommes prennent place dans l’engin relié au sol par une robuste corde et quittent le plancher des vaches. Ils se nomment Pilâtre de Rozier, Jean Baptiste Réveillon et Giroud Villette.
Le 21 Novembre de la même année, le même Pilâtre de Rozier, accompagné du Marquis d’Arlandes effectue le premier vol libre.

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Montgolfière

Quel rapport avec les montres ?

Aucun.

En effet, je ne saurais affirmer qu’un seul de ces hommes ait pris place dans cette montgolfière (puisqu’il faut bien l’appeler par son nom) en emportant avec lui une montre.
Mais comme je vous ai déjà entretenu des autos, des motos, des bateaux, il fallait bien que je trouve un support à mes comment dites-vous déjà ? Élucubrations, c’est ça. Alors, va pour les ballons et les dirigeables ; et vous allez voir, vous autres, la dizaine qui me lisez (si j’en crois certains membres particulièrement émérites du forum) que ce n’est pas si déconnant que ça.
Donc, l’histoire des plus légers que l’air vient de démarrer. Non sans peine. Pilâtre de Rozier y laissera la vie en 1784 et bien d’autres après lui, Il en est des ballons comme des avions : on n’en connait pas qui ne soit revenu au sol. Plus ou moins vite. Bon. Je suis hors sujet, là.
On expérimente des ballons à hydrogène, à gaz de ville, plus performants que les montgolfières à air chaud. Hélas, l’hydrogène a une fâcheuse tendance à se transformer brutalement en chaleur et en lumière, ce qu’on appelle vulgairement une explosion, au plus grand dam des passagers de l’engin (voir retour au sol, ci-dessus). Quant au gaz de ville, il n’est guère efficace.
Mais n’allons pas plus vite que la musique et revenons aux prémices des vols humains. Les ballons, captifs ou libres passionnent les foules mais aussi les scientifiques et…les sportifs, même si le terme n’existe pas à l’époque. On était sportif sans le savoir.
Dès 1784, on entreprend de battre des records de distance, d’altitude et de durée de vol. Par exemple, en 1783, Pilâtre de Rozier et d’Arlandes a parcouru 9 kilomètres en 25 minutes. Pfff ! Le 23 Juin 1784, il parcourt 52 kilomètres en 45 minutes, nouveau record du monde ! Bientôt pulvérisé par Blanchard qui écume l’Europe puis les Etats-Unis avec son ballon à hydrogène. Et que faut-il pour mesurer les temps de vol ? Je vous le donne en mille…
Comme toujours, des militaires comprennent rapidement l’intérêt que peut revêtir l’engin volant pour enquiquiner l’adversaire et parviennent à convaincre le Comité de Salut Public d’expérimenter cette nouvelle arme.
En 1794, à la bataille de Fleurus, le Capitaine Courtelle, chef du premier corps des aérostiers au monde peut observer les manœuvres des coalisés à partir de la nacelle d’un ballon captif. Malgré ce franc succès, on oublie l’utilité des ballons d’observations jusqu’à la guerre de Sécession. Notre artilleur d’Empereur laisse au fond des oubliettes ce remarquable outil, comme il traite par le mépris l’invention de Fulton. Tout bien réfléchi, ce n’est pas plus mal…


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Le ballon « l’entreprenant » à la bataille de Fleurus

Rapidement la question se pose:
« Comment diriger ces diables d’engins ? »
On se met à l’œuvre, toujours en 1784 et bientôt les premiers dirigeables voient le jour. Enfin…dirigeables, si l’on est optimiste. On essaie des voiles, des hélices mues par la force humaine. Beaucoup d’effort pour pas grand-chose, jusqu’à l’apparition des moteurs. Là, l’affaire s’emballe. Enfin. On construit des vaisseaux des airs, énormes engins pouvant se mouvoir dans l’atmosphère comme des bateaux sur l’eau. Nous sommes au tournant du XXème siècle. On vole ! Le plus loin et le plus longtemps possible et en manœuvrant réellement son appareil, quand la météo est clémente, parce que lorsqu’il y a du vent, dur, dur (voir « retour au sol », plus haut)…
Bref, en 1895, un dénommé Santos Dumas, brésilien de naissance, résident français et nanti d’une coquette fortune gagnée par son papa planteur, commande son premier dirigeable, équipé de ce qui se fait de mieux à l’époque, un moteur De Dion Bouton. En 1901, il empoche au passage le prix Deutsch de la Motte, une bricole de 100 000 francs or, en reliant Saint Cloud à la tour Eiffel en moins de 30 minutes, montre en main.

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Santos Dumont dans son dirigeable

L’histoire n’a pas retenu la marque du chronomètre…
Mais, mais, mais, voilà-t-il pas qu’en 1904, Santos Dumas, qui en est son six ou septième appareil (il en possédera 14 avant de passer au plus lourd que l’air) s’inquiète de ne pouvoir regarder l’heure lorsqu’il pilote son engin.
Qu’à cela ne tienne ! Son ami CARTIER lui concocte une montre-bracelet qui fait encore aujourd’hui le bonheur des finances de la vieille maison.


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Santos de Cartier modèle 1911

Tout ça pour dire que la légende de Cartier et de l’aviation ne tient pas en l’air. Il faut parler de Cartier et des dirigeables.

Passons.

A propos, que ce passe-t-il ailleurs ? Outre Rhin, nos cousins germains ne sont pas restés les deux pieds dans la même botte. Revenons un peu en arrière, précisément à la déculottée à nous infligée par les Prussiens de Bismarck en 1870/71. Les Français ont utilisé avec succès un certain nombre de ballons lors du siège de Paris, tant pour observer l’adversaire que pour permettre au courrier de franchir les lignes (première Poste Aérienne au monde !) ou à évacuer des personnalités chargées de poursuivre le combat (voir cours de l’école primaire de nos belles années)

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Le départ de Léon Gambetta

Le Comte Ferdinand Von Zeppelin se dit qu’il y a là une idée à creuser. Enthousiaste et soutenu par nombre de passionnés d’aéronautique, il peut voir voler son premier Zeppelin, le LZ1, en Juillet 1900. Bientôt, les Zeppelins vont être en mesure d’effectuer de long parcours. Ils seront donc équipés comme des navires : compas, cartes et chronomètres :

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Le Zeppelin LZ1


Arrive la guerre. Des deux côtés, on va rapidement s’enterrer dans des tranchées dont le tracé ne variera guère pendant quatre ans. Afin que l’artillerie puisse mieux matraquer les adversaires et pour mieux surveiller ses mouvements, on utilise tout d’abord des ballons.
En France on a créé dans ce but le corps des « aérostiers » qui utilise des dirigeables inspirés des zeppelins car, avouons-le, nos dirigeables n’offrent pas les mêmes performances que ceux de l’ennemi, et des ballons captifs d’observation.
Le Kaiser Guillaume II a fait mettre en service des dirigeables dans la marine:

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Chronomètre du L-59

Et utilise aussi des ballons d’observations, rattachés aux forces aériennes, les « drachen »

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Départ d’un drachen

Les français après les ballons captifs, passent aux « saucisses », honteusement copiées sur les appareils allemands :

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Départ d’une saucisse. La différence ? Le drapeau.


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Montre d’un commandant de Zeppelin


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Montre d’aérostier français

Les dirigeables recevront sur tous les fronts toutes sortes de missions, avec des succès mitigés en raison de leur faible capacité à embarquer de lourdes charges. Trop vulnérables, trop encombrants, trop difficiles à mettre en œuvre, Ils seront bien vite supplantés par les aéroplanes.


Bombardement :

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Accompagnement d’unités maritimes et recherche de sous-marins en surface :

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Tableau de bord d’un dirigeable français. Avec son chronomètre de marine intégré.

Survol du champ de bataille :

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On voit ici Jacques Trolley de Prévaux, futur grand résistant, aux commandes de son dirigeable dans un film tourné par la BBC après les combats, pour montrer les dégâts causés par la guerre.

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Appareil de prise de vue aérienne de 1914

Dès les hostilités finies, les Zeppelins vont reprendre leur envol, d’abord en étant vendus aux américains qui veulent se faire une idée sur ces appareils à moindre frais, en se faisant livrer au titre de dommages de guerre un certain nombre d’appareils.

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Le Shenandoah, ex-zeppelin, avant…


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Et après essai…

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Montre du Shenandoah


Les allemands continuent à perfectionner leurs dirigeables et les utilisent pour traverser les océans en direction de New-York dans des conditions de confort assez exceptionnelles, ou en survolant l’Arctique et même en bouclant le premier tour du monde aérien !


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Une Heuer de Zeppelin


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Chronomètre de cloison de zeppelin

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Le LZ 127, premier tour du monde aérien


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Chronomètre et montre de pont Junghans du LZ 127,



Les norvégiens et particulièrement Amundsen, un chaud partisan des montres ZENITH, ne sont pas en reste, qui ont aussi effectué un vol polaire avec le Norge en 1926.

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Le Norge de Roald Amundsen et Umberto Nobile

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Montre d’observation d’Amundsen


L’incendie du Hindenburg lors de son atterrissage à New York en 1935 va mettre fin à la période de gloire des grands dirigeables.



Le Hindenburg en feu
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Montre altimètre et baromètre en provenance du Hindenburg
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Entretemps, un Suisse à la joyeuse tête d’illuminé, a eu l’idée de monter en ballon, lui aussi et quitte à y monter, autant grimper le plus haut possible.

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Auguste Piccard

C’est ainsi qu’en 1931, Auguste Piccard rejoint la stratosphère jusqu’à une altitude de 16000 mètres. Il porte au poignet une montre HEUER.

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Chronographe mono poussoir Heuer d’Auguste Piccard

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Le ballon d’ Auguste Piccard avant son départ

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La pub ne l’a pas oublié !

Bientôt une nouvelle guerre va occuper l’humanité. De 1939 à 1945, on s’étripe à nouveau tout autour de la planète.
La paix revenue, on se reprend à s’intéresser un peu aux ballons. C’est à nouveau le temps des scientifiques, des explorateurs, des poètes et des sportifs.
Depuis beau temps déjà, le ballon a pris un visage différent et a vu son champ d’action s’élargir. Fini l’hydrogène, place à l’hélium, place à la recherche, place aux aventuriers qui vont de nouveau survoler les pôles, traverser l’Atlantique, tenter et réussir un tour du monde en ballon sans l’aide du moindre propulseur !

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Le ballon à air chaud d’Ed Yost
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Ed Yost et sa montre. Ils vont traverser l’Atlantique.


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Steve Fossett, qui tentera de boucler le tour du monde

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Bertrand Piccard, le petit-fils d’Auguste, qui réussira cet exploit. Avec le support de Breitling, ce me semble.

Je ne parle pas du père de ce Monsieur, prénommé Jacques car bien que soutenu par une grande manufacture de « GARDES-TEMPS ICONIQUES, MYTHIQUES, GRAALESQUES » que je ne nommerai pas, il a passé son temps à s’envoyer en l’air à des profondeurs abyssales.

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Et son compagnon d’Odyssée, Brian Jones.

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(Where is Brian? Brian is in the balloon!)

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Breitling Emergency avec balise de détresse

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Jean Louis Etienne, le fou des glaces ! Il survole le pôle dans son ballon Zénith.

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Publicité Zénith « retour au pôle »

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Zénith El Primero Northpole Jean Louis Etienne


Place à la recherche de moyens de transport moins polluants et moins coûteux. Le dirigeable devient un appareil de haute technologie dont le tableau de bord n’est plus guère différent de celui d’un avion.

Y a une p’tite montre, en bas à gauche[image]

S’il ne traverse plus l’Atlantique, il n’en est pas moins utilisé pour de superbes ballades dans les airs.

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Y a une p’tite montre, en bas à droite.


Il est aussi un excellent support publicitaire, car qui ne reste les yeux rivés sur l’un de ces plus légers que l’air lorsqu’il traverse presque silencieusement le ciel ?


Un des dirigeables Goodyear[image]

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Tableau de bord du Goodyear 1971
Ya une p’tite montre, en haut au milieu


Le rêve du ballon et du dirigeable est inscrit depuis longtemps et pour longtemps dans notre mémoire, j’en veux pour preuve les quelques images qui me serviront de conclusion.


Un bien lourd plus léger que l’air:
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Une Bulova « aéronaute de 1946
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Des goussets décorés de différents motifs, dont un ballon et un dirigeable.
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WOW ! Une pendule dirigeable:
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Une Zodiac Aéronaute 24 heures
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Une Tudor Aeronaut
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Une Denissov Aeronaut
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Et pour conclure une Van Cleef & Arpels Cinq semaines en ballon. Merci Jules Verne.
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Kenavo.
P.S. Comme d’habitude, je n’ai pas cité mes sources. Il y en a trop. J’espère que ceux à qui j’ai osé faire des emprunts et que je remercie sincèrement ne m’en tiendront pas rigueur.
Quant aux censeurs…

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Je tiens beaucoup à ma montre, c'est mon Grand Père qui me l'a vendue sur son lit de mort (W. Allen)


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