Omega 8500 versus Rolex 3135 (Revues & Essais)

posté par Servatempus , 06/02/11, 19:19
(Modifié par Servatempus le 06/02/11, 21:43)
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Bonjour.

À la demande de Mnementh, voici une rapide revue comparative Omega 8500 versus Rolex 3135.

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Pour dire la vérité, il ne s'agit pas réellement d'un comparatif car, à mon sens, avec son 8500, Omega a mis la barre suffisamment haute pour dire que le 3135 est aujourd'hui un calibre un peu ancien malgré ses nombreuses qualités.

La première chose à faire est de lire la revue disponible sur le site www.chronometrie.com pour avoir en tête les principes globaux de fonctionnement du 3135 :

http://www.chronometrie.com/rolex3135/rolex3135.html

Pour résumer rapidement, les principaux défauts du 3135 sont les suivants :

- l'obligation de le faire réviser tous les 4 à 5 ans
- un système de remontage automatique fragile au niveau du pignon qui maintient la masse oscillante

Concernant ce dernier point, le 3135 n'est pas un calibre aussi robuste que ce que l'on pourrait croire. La raison ? Le pignon situé sur l'axe de la masse oscillante qui vient se glisser dans un rubis enchâssé sur la platine du remontage automatique.

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Image d'un pignon de 3135 usé du fait d'un manque de lubrification. Crédit : www.timezone.com

Cette combinaison présente trois inconvénients majeurs :

- le risque de casse du rubis lors de chocs violents
- le frottement de la masse sur le rebord des platines du mouvement lors des petits chocs (et donc la production de particules de métal qui viennent encrasser le mouvement)
- l'usure excessive du pignon en acier contre le rubis si l'ensemble n'est pas graissé à intervalle régulier.

Les cas de rubis cassés sont plus courants qu'on ne le croit, les personnes fréquentant les forums horlogers en ont tous entendu parler. Il n'y pas longtemps encore, un forumeur venait se plaindre ici même.

Mais commençons maintenant notre revue du 8500.

Je vous invite à lire l'article publié dans WatchTime qui a testé le calibre en octobre 2007 :

http://download165.mediafire.com/oxxxscngwwhg/niluj1djtyz/Omega+Calibre+8500+Review.pdf

Je reprendrai une partie des informations que je complèterai avec la compréhension et les quelques connaissances que j'ai de ce calibre. Vous m'excuserez si vous relevez des erreurs et n'hésitez pas à apporter des précisions.

De même, je vous invite à revoir les deux vidéos commerciales qui vous permettront d'avoir un perçu visuel différents de l'Omega 8500 :





La première chose que l'on notera, c'est que ce calibre a été entièrement conçu de A à Z en repartant de zéro. Autrement dit, toute la liberté a été laissée aux ingénieurs d'Omega de produire le meilleur calibre contemporain en tenant compte des dernières avancées en matière de technique horlogère.

Le 8500 semble ainsi le meilleur de ce qui se fait actuellement (en reprenant les choix techniques les plus efficaces actuellement mis en œuvre), tout en apportant des avancées spécifiques.

Il me semble utile de rappeler les 4 axes de travail qui ont orienté le développement de ce calibre :

- maintenance facilitée
- robustesse accrue
- intervalles de révision repoussés au plus loin
- précision horaire la plus accrue possible

Pour commencer, focus sur le rotor :

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Vous constaterez immédiatement qu'Omega a laissé tomber le système de roulement à bille au profit d'un rotor tournant autour d'un axe, exactement comme sur le 3135 ainsi que les anciens calibres Omega de la famille 5XX. Retour au source loin d'être stupide.

En effet, l'une des grandes qualités du 3135, c'est son remontage automatique extrêmement efficace. La raison de cette efficacité réside justement dans son pignon très fin : plus l'axe est petit, et plus l'effet de la masse est important et le rapport d'engrenage intéressant. La vitesse de remontage est accrue et le ressort-moteur est rapidement soumis à son meilleur pic de tension, un impératif pour l'obtention d'une bonne précision horaire.

Omega a donc repris le principe mais en évitant les inconvénients liés à ce choix technique.

Au final :
- pignon de diamètre élargi afin d'éviter les écueils liés à un pignon trop fin (frottement de la masse contre les platines, résistance accrue aux chocs)
- pignon non plus réalisé en acier comme sur le 3135, mais en tungstène afin de limiter l'usure du pignon
- nécessité moins importante du graissage de cette partie afin d'allonger les intervalles de révision

Le résultat est un rotor totalement silencieux, robuste et qui participe à un remontage efficace des ressorts-moteurs.

Résultat : + 1 pour Omega

Continuons par la technologie DLC (Diamond Like Carbon) employée pour la réalisation des barillets :

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Vous remarquerez la couleur de ces derniers : noire. Ce n'est pas qu'affaire de décoration. Il s'agit d'un traitement de surface à l'extérieur et à l'intérieur des barillets.

Ce revêtement DLC permet de ne plus avoir à graisser l'intérieur des barillets et semble réduire à zéro les problèmes d'usure.

Sur le 3135, et bien...

Résultat : + 1 pour Omega

Continuons par le fait que le 8500 dispose d'un double barillet versus un barillet classique pour le 3135.

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Pour reprendre ce que j'ai déjà dit à ce sujet, je pense que le double barillet est loin d'être une ânerie sur un plan théorique : il vaut mieux deux barillets avec deux ressorts soumis à une tension inférieure qu'un seul barillet soumis à une tension élevée pour une réserve de marche équivalente.

Ce choix technique est judicieux à plusieurs niveaux :

- d'abord, au niveau de la précision horaire : un ressort avec une tension élevée offrira un couple stable dans les premières heures de son déroulement puis perdra de sa puissance à mesure qu'il sera entièrement déroulé.
Un long ressort-moteur perd nécessairement de son élasticité en fin de déroulement, comme on peut le constater sur les montres à remontage manuel.
Au chronocomparateur, cela se constatera par une baisse de l'amplitude qui arrivera bien plus rapidement qu'avec un double barillet dont les deux ressorts offriront une tension très honorable, même en fin de course.
Concernant la réserve de marche, le choix d'opter pour du 60h est certainement corrélé par les calculs des ingénieurs d'Omega afin d'optimiser pour le mieux l'élasticité de chacun des deux ressorts jusqu'au bout de leur déroulement. Bref, le meilleur rapport tension/durée de déroulement a dû largement être anticipé et réfléchi par Omega, tout en prenant en compte le paramètre usure.

-l'autre avantage consiste dans la durée de vie du ressort-moteur, qui, encore une fois, est accrue par le choix du double barillet. Un ressort long dans un barillet de taille réduite, il ne faut pas se voiler la face, perd nécessairement de son élasticité sur une dizaine d'année, tout comme il se fragilise. C'est pour cette raison que les maisons horlogères, lors des révisions, remplacent systématiquement l'ancien ressort-moteur par un neuf.

-enfin, la présence de deux ressorts-moteurs permet de minimiser la pression exercée sur les pivots, ce qui assure une usure moins rapide des pièces.

Donc double barillet du 8500 versus un barillet pour le 3135 ? Si vous avez suivi, vous l'aurez compris : l'intérêt n'est pas dans la réserve de marche mais bien dans l'apport d'un couple plus stable favorable à une plus grande précision horaire ainsi qu'une usure des pièces réduites.

Résultat : + 1 pour Omega

Continuons par la manière dont les deux barillets stockent l'énergie. Le système me semble original mais je n'en saisis pas tous les aspects du fait du manque d'informations à ce sujet.

Les deux barillets sont montés en série, mais sembleraient ne pas se recharger simultanément.

Le premier barillet peut être remonté par remontage manuel, grâce à un dispositif de roue placée sous l'un des ponts et qui s'enclenche quand on remonte la montre par la couronne. Le différentiel d'engrenage a été étudié pour que le remontage soit aussi doux que sur celui du 3135. Donc exit la sensation désagréable que l'on a au remontage d'un 7750, d'un 2824 ou d'un 2892. J'ai testé, ça marche.

Le deuxième barillet est connecté au dispositif de remontage automatique et c'est lui qui entraîne tout le train d'engrenage. Il semblerait qu'il faille que le ressort-moteur de ce deuxième barillet soit entièrement remonté pour que le ressort-moteur du premier barillet commence à se remonter.

Cela est à confirmer, mais si c'est le cas, ce dispositif semble intéressant dans la mesure où cela signifie que pour le système de remontage automatique, l'effort à produire restera moindre que s'il y avait deux ressorts-moteurs à remonter de manière simultanée. Conséquence si l'information est confirmée : le remontage se fera nécessairement plus rapidement et en minimisant l'usure des rouages du système automatique.

Résultat : en suspend du fait du manque d'informations fiables.

Si l'on continue notre petit examen, on peut se pencher sur le dispositif antichoc introduit pour l'occasion :

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Ce dernier a remplacé l'Incabloc qui était présent auparavant sur l'Omega 2500.

J'explique la présence de ce nouveau pare-choc par la volonté de mieux uniformiser la tension exercée par ce ressort sur les contres-pivots . En effet, l'Incabloc, loin d'être mauvais, possède deux lamelles qui pressent le contre-pivot mais sur ses rebords seulement. Ici, on peut voir que l'antichoc développé par Nivarox pour Omega recouvre presque entièrement le contre-pivot. En particulier en son centre, juste au dessus de l'endroit où se trouve l'extrémité de l'axe du balancier.

Personnellement, je pense que cette modification doit apporter un avantage lors des situations de chocs et des secousses, en permettant notamment au contre-pivot de se repositionner plus rapidement et d'exercer une pression plus uniforme.

D'ailleurs, Rolex n'a pas tardé à réagir en 2009 en abandonnant le Kif et en sortant sa propre version de pare-choc, le Paraflex :

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Résultat : exéquo Omega/Rolex

Continuons par l'échappement.

On notera qu'Omega a retenu les idées suivantes déjà présentes sur le 3135 :

- pont intégral permettant un meilleur maintien du balancier spiral et qui minimise les dérèglements consécutifs à des chocs violents
- spiral libre
- réglage inertiel par système de micro-vis permettant un réglage de précision qui se maintient dans la durée et réduit les risques de dérèglement

Donc peu de différences à ce niveau entre le 8500 et le 3135.

Résultat : exéquo Omega/Rolex

Toutefois, on peut noter l'apparition récente d'un nouveau spiral en silicium qui va progressivement équiper l'intégralité des nouvelles gammes de co-axial.

Je ne m'étale pas sur les qualités du silicium mais souligne ses avantages indéniables :

- il est amagnétique, donc complètement insensible aux perturbations produites par les appareils électroniques
- il est insensible aux variations de températures
- il possède une résilience supérieures aux alliages métalliques, ce qui lui permet de mieux récupérer après un choc.
- ses process de fabrication permettent de réaliser des pièces d'une précision inégalée

Certes, Rolex a généralisé son fameux Parachrom sur la plupart de ses 3135. Toutefois, si ce spiral est amagnétique et résiste (d'après Rolex) 10 fois plus aux chocs, il n'en reste pas moins sensible aux variations de température.

Résultat : + 1 pour Omega

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En continuant dans la même veine, on peut se pencher sur le balancier lui-même. Vous aurez remarqué que le balancier d'Omega est intégralement noir. Je ne sais pas quel traitement de surface ce dernier a subi, mais d'après ce qu'en dit WatchTime, ce balancier est réalisé par Nivarox à partir d'un nouvel alliage sans béryllium exclusivement réservé pour Omega et pour Bréguet. Ce nouveau matériau est moins sensible aux variations de température contrairement au matériau utilisé classiquement sur les balanciers haut de gamme (dont c'est le cas sur le 3135).

Par ailleurs, vu la forme du balancier, il y a des chances pour qu'il ait été optimisé sur le plan de l'aérodynamique.

Résultat : + 1 pour Omega

Je terminerai par l'échappement co-axial lui-même, et sur lequel je ne m'étalerai pas. Le principe de ce dernier est plus ou moins connu.

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L'échappement classique à ancre suisse, dans la conception de sa géométrie même, laisse une part belle aux phénomènes de frictions, notamment de glisse des palettes de l'ancre sur les dents de la roue d'ancre.

Le co-axial fonctionne sur un principe différent : moins de frictions, plus de points de contact qui impulsent l'énergie en minimisant les pertes de celle-ci.

Je n'entrerai pas dans la théorie, je ne suis pas suffisamment expert en la matière, mais dans les faits, le résultat semble largement au rendez-vous avec notamment une très faible incidence dans les performances chronométriques du facteur position sur les variations d'amplitude.

Pour en avoir discuté avec un horloger qui a pu tester ce calibre co-axial, les performances chronométriques semblent réelles, ce que confirme également les résultats de WatchTime.

Résultat : + 1 pour Omega

Dernier détail, et pas des moindres : depuis que l'Omega 8500 est testé par le COSC, c'est-à-dire 2007, il semblerait qu'aucun mouvement n'ait été pour le moment recalé. Si cette information est vraie, ce serait alors une première sur un calibre de série.

Donc pour ma part, Omega 8500 versus Rolex 3135 : je pense qu'Omega a mis une sacrée claque à Rolex !

Dans tous les cas, dommage qu'Omega ne communique pas plus sur son calibre !

Amicalement

Servatempus

N.B. : j'ai volontairement occulté la question des intervalles de révision repoussés car seule l'expérience réelle parlera sur le long. Toutefois, à la lecture de l'ensemble, vous en déduirez que ce 8500 est conçu pour fonctionner avec un minimum d'usure et un couple de force relativement peu élevé afin de diminuer au maximum la pression exercée sur les pivots des rouages. Donc que du bon concernant le vieillissement. D'autant que la technologie co-axiale est conçue pour fonctionner correctement même avec un amplitude basse.

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Le renversement est le mouvement du Tao, la faiblesse sa modalité.


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