capitaine56 Toujours près de la mer, 14/12/22, 19:18 |
FEVRIER (Articles) |
En voilà un titre bizarre ! Louis Chiron Les Allemands ? très peu pour moi ! Je viens de passer mon C.A.P., je pourrais faire semblant de ne pas les voir, mais non ! Grâce à une filière d’évasion, le réseau « Onyx » je parviens à gagner l’Algérie d’où, au sein d’un groupe de militaires canadiens ayant participé dans les rangs britanniques à l’Opération Torch, je pars vers l’Angleterre où j’envisage de rejoindre le Général de Gaulle. Onyx...un nom prédestiné pour un futur gemmologue ! En janvier 1943, je me trouve brièvement, ébloui, présenté au Grand Homme, mais le hasard, la chance, font que l’on me propose de m’engager dans la Royal Air Force, alors qu’il n’y a pas de place pour moi dans les Forces Aériennes Françaises Libres. Comment est-ce possible ? Souvenez-vous que je suis arrivé en Angleterre au milieu d’une bande de Canadiens, pour la plupart Québécois et francophones. Les Anglais m’assimilent à leur nationalité et hop : Quelque mois d’un stage pour le moins intensif pendant lesquels j’apprends à piloter, à sauter en parachute, ce qui me vaudra mes seules blessures « de guerre » car, poussé par un instructeur un peu trop pressé, je m’abîme les deux genoux lors d’un atterrissage mal maîtrisé, blessures que je traîne encore plus de 75 ans plus tard ! Qu’à cela ne tienne, me voici « Pilot Officer » et voici que l’on me confie, à moi, gamin à peine sorti de l’adolescence, les commandes de l’un de ces nombreux bombardiers Lancaster qui vont, chaque nuit, arroser la terre allemande d’une pluie de bombes. Quel engin que cet avion ! quatre moteurs Rolls Royce, sept membres d’équipage, 6350 kilos de bombes, 3000 kilomètres de rayon d’action et un ridicule armement de défense composé de mitrailleuses de 8mm. Notre équipage comprend sept membres de sept nationalités. Le navigateur, qui fait office de commandant de bord, est le seul britannique. Je suis le seul « québécois », pardon, Français. le tableau de bord de mon avion Une seconde vie commence. J’ai 18 ans. FIN DU PREMIER CHAPITRE --- |
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renaud (Modérateur) 14/12/22, 22:21 (Modifié par renaud (Modérateur) le 14/12/22, 23:06) @ capitaine56 |
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Coucou Michel, --- |
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Exupery (Modérateur) 14/12/22, 22:38 @ capitaine56 |
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Quel plaisir de te relire Capitaine, et avec un article de derrière les fagots qui commence bien! Le témoignage d'un Français pris pour un Canadien enrôlé à 18 ans dans la RAF... Les bombardements aveugles de Dresde et Hambourg... On attend avec impatience le reste, et comme dit Renaud, n'hésite pas à signaler s'il y a un souci pour la mise en ligne. --- |
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neuf75 (Modérateur) Paris, 14/12/22, 23:24 @ capitaine56 |
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👍👍👍 --- |
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strikeline 15/12/22, 00:48 @ capitaine56 |
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Un grand Merci Capitaine pour ce récit délectable. --- |
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Montres1 Lagos - Nigéria, 15/12/22, 08:13 @ capitaine56 |
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Merci Capitaine, j'ai hâte de lire la suite ! |
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gibus La Rochelle, 15/12/22, 20:15 @ capitaine56 |
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Vivement la suite ! --- |
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Servius 15/12/22, 20:46 @ capitaine56 |
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Merci Capitaine, encore un récit qui promet… |
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basyl177 Paris, 16/12/22, 09:02 @ capitaine56 |
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Quelle joie de revoir un écrit signé du Capitaine ! --- |
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capitaine56 Toujours près de la mer, 16/12/22, 16:21 (Modifié par capitaine56 le 16/12/22, 16:49) @ basyl177 |
FEVRIER |
CHAPITRE DEUX: La Môme Moineau, son avion, l'une de ses voitures Ainsi fut fait, mais aussi vite qu’il m’est possible, je rejoins ma province natale, bien loin de la côte d’azur. En effet, je suis né en Bretagne, d’une mère Bretonne, de grands parents Bretons et je me sens breton jusqu’au bout des ongles, quand bien même mon Papa soit d’une toute autre origine. Après avoir œuvré à Monaco, c’est à Quimper, sur les rives de l’Odet, dans une région où n’existent encore que peu de joailleries que je vais enfin me rendre pour y exercer mes talents et c’est là que va débuter ma troisième vie. Du 1er décembre 1947 au même jour anniversaire, 1er décembre de l’année 1967, je travaille en chambre pour une clientèle privée et en sous-traitance pour de grandes marques de joaillerie. Vous avez remarqué ? Premier décembre, jour de la Saint Éloi, patron des métiers du métal, donc des horlogers, des joailliers et des orfèvres. Amusant, non ? (Il chantonne en riant) : « Trois orfèvres, à la Saint Éloi … » Gagnant convenablement ma vie, j’ouvre au début de 1968 un magasin dans un bel immeuble de la vieille ville pour y développer encore mon activité de joaillier. Bientôt je suis sollicité par des marques d’horlogerie, ce qui ne m’attire guère. Pendant près de deux ans, Rolex va tenter de franchir ma porte. Je finis par céder à la fin de 1969. Vient le tour de Cartier, que j’accepte de représenter en 1970, après avoir longtemps tergiversé. Nous voici arrivés dans le vif du sujet ! Soyons clairs : je n’avais pas alors d’attirance particulière pour l’horlogerie. Je n’avais pas reçu de formation à ce métier. Qu’à cela ne tienne ! un stage de quinze jours chez Rolex pour apprendre à régler les montres, à remplacer les verres et à assurer leur étanchéité et la messe est dite ! Les révisions de toutes les montres que je vais vendre seront le plus souvent effectuées soit dans les ateliers des maisons-mères, soit chez des sous-traitants homologués, tel le merveilleux Monsieur Huguet, à Nantes, un sacré perfectionniste celui-la !, chez qui viennent en révision toutes les Rolex de l’ouest de la France. Dans les dernières années, l’essentiel des travaux est assuré par l’un de mes deux employés ; mais joaillier je suis, joaillier je resterai toute ma vie. Aujourd’hui encore, je suis expert en gemmologie auprès de tribunaux, à mon âge ! Mais ceci est une autre histoire. C’est cet attachement à ma formation et à mon métier qui me permettra au fil des ans de tenir la dragée haute aux manufactures horlogères : je n’ai pas besoin d’elles pour vivre, d’autant que je demeure également, pendant des années, pilote-instructeur dans l’Aéronavale. Restons cependant dans le domaine qui vous intéresse : les montres. De par ma formation, j’ai toujours été porté vers le beau, le raffiné, le haut de gamme. Je respecte cette orientation dans le choix des marques que je vais représenter. Figurent sur ma carte Audemars Piguet, Vacheron & Constantin, Jaeger Le Coultre, Piaget, Breitling et Omega, quoique que pour cette dernière marque je choisisse de ne présenter que la gamme dite « de prestige », avec des boîtiers uniquement en or. De ma vie je n’ai vendu la moindre Speedmaster comme celle que vous portez ce soir ! Il m’est arrivé par contre de vendre des Patek Philippe car, bien que je ne sois pas distributeur officiel, il me suffisait d’un simple coup de téléphone pour être livré sans problème. Quelle époque ! Pour faire bonne mesure, je propose aussi Blancpain, Ebel et surtout Universal Genève, l’une des marques que j’affectionne particulièrement, avec IWC. IWC... Il faut dire que lorsque j’étais pilote dans la RAF, j’avais reçu en dotation une montre de cette manufacture. A la fin des hostilités, les britanniques m’ont laissé toute ma dotation vestimentaire, à l’exception de mon parachute et de cette montre. Quel dommage ! Bref, longue est la liste des marques que je représente, mais je suis le seul à faire mes choix quant à ces marques et quant aux modèles que j’achète. Il est hors de question de m’imposer un panel de montres tel qu’exigé par les marques. Je ne prends rien en dépôt. Je paie cash, donc je choisis. C’est ma règle et jamais je n’en dérogerai. Ainsi, par exemple, j’en viendrai à virer sans autre forme de procès Jaeger Le Coultre dont la politique commerciale me déplaît. D’autres suivront, à leur plus grand dépit. Je me souviens qu’un jour, le représentant de Cartier, très sûr de lui, me pose la question : « Quelle est chez vous la marque de bas de gamme ? - Cartier. » Tête du bonhomme … Je n’ai pas omis d’inscrire à mon catalogue ma marque favorite : Zénith. J’étais et je demeure amoureux des Zénith. Ah ! j’ai aussi un faible pour les Panerai, pour un motif particulier. Je vais vous raconter l’anecdote : en 1945, au cours d’un stage en Écosse, je fais la connaissance d’un homme déjà célèbre : Lionel Crabb, le fameux homme-grenouille qui avait lutté, à Gibraltar contre les hommes de la « Decima MAS », les commandos de nageurs de combat italiens du Prince Borghese. Lorsque, après le retournement des alliances en 1943, ces combattants italiens rejoignent l’unité commandée par Crabb, celui-ci constate que leur matériel est bien supérieur à celui de la Navy et découvre, en particulier, les montres Panerai qu’ils utilisent. C’est lors de ma rencontre avec Crabb qu’il me fait découvrir cette montre. Il ne s’arrête pas là : il m’offre une combinaison de plongée italienne que j’ai utilisée pendant des années, avec d’autres, car j’ai pratiqué la plongée sous-marine jusqu’à beaucoup plus de 80 ans. Après quoi, j’ai offert tout mon mon matériel à la SNSM (Société Nationale de Sauvetage en Mer) Bon, me voici encore reparti outre Manche ! Revenons en Bretagne et à nos montres. A mes montres : lorsque j’ai décidé de cesser mon activité commerciale, j’ai aussitôt vendu mes Rolex, mes Cartier et autres montres personnelles et je n’en conservé que quelques unes, essentiellement mes Zénith : trois ou quatre El Primero, que j’aime bien ; et une Vacheron Constantin, aussi ; une Blancpain, que j’ai donné à mon fils, qui ne la porte jamais… Certes, j’aurais pu garder mes Rolex, en souvenir de l’accueil chaleureux que j’ai toujours connu lors de mes visites en Suisse, mais je détestais la spéculation sévissant déjà autour de cette marque. Je vous en donne un exemple : Un jour je reçois deux Daytona, chacune des deux couleurs de cadran disponibles à l’époque. Peu après, un appel téléphonique me parvient de Milan, ce qui n’est pas la porte à côté ! « J’ai appris que vous aviez deux Daytona ? -Oui. Comment diable savez-vous cela ? -Par la maison, que j’ai contactée. Accepteriez-vous de m’en vendre une ? -Bien entendu. -Si je prends l’avion demain, vous me la gardez ? -Évidemment. » Surprise, dès le lendemain, mon Italien débarque ; Milan-Paris, Paris-Quimper, l’homme n’a pas perdu de temps ! Je lui remets sa montre. « Me vendriez-vous la seconde ? -Pourquoi pas ? -Alors, je la prends également. » Comme je refuse d’être payé avec une carte de crédit, l’homme fonce à une banque, revient un peu plus tard avec l’argent liquide, ce qui laisse à imaginer quelle pouvait être sa surface financière, me paie, attrape son colis et déclare, avant de franchir la porte : « C’est un beau cadeau que vous m’avez fait. Je vais revendre immédiatement la seconde. Elle me paiera le prix des deux. » écœurant ...mais parlons d'autre chose. Le café de votre épouse est délicieux. J'en veux bien un second. Où en étions-nous, déjà? Ah, oui! Rolex... --- |
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cervi 16/12/22, 17:06 @ capitaine56 |
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C'est captivant et fort bien écrit. Vivement la suite. Chapeau mon Capitaine |
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strikeline 16/12/22, 19:12 @ capitaine56 |
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» écœurant ...mais parlons d'autre chose. --- |
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capitaine56 Toujours près de la mer, 22/12/22, 14:56 (Modifié par capitaine56 le 22/12/22, 16:09) @ capitaine56 |
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Exupery (Modérateur) 22/12/22, 16:20 @ capitaine56 |
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A bientôt alors, et bonnes fêtes de fin d'année --- |
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Mnementh Autan en emporte le vent, 23/12/22, 00:10 @ capitaine56 |
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» En raison de quelques petits problèmes personnels, je me vois contraint de --- |
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syrap 25/12/22, 12:38 (Modifié par syrap le 25/12/22, 13:27) @ Mnementh |
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J’ai 20 ans et j’ai participé à cette tuerie … --- |
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nonosore 04/01/23, 15:33 @ capitaine56 |
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Je ne savais pas quoi répondre, juste un merci pour cette agréable lecture! |
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Watch_addict 04/01/23, 16:14 @ capitaine56 |
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Merci pour ce voyage, j'attends la suite avec impatience. --- |
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Rav6en Paris, 05/01/23, 09:04 @ syrap |
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Syrap, --- |
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basyl177 Paris, 12/01/23, 08:25 @ capitaine56 |
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Je n'avais pas pris le temps de lire le deuxième chapitre... tout aussi passionnant que le premier ! --- |
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syrap 14/01/23, 23:45 @ Rav6en |
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» Syrap, --- |
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capitaine56 Toujours près de la mer, 15/01/23, 17:57 @ syrap |
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0 Syrap: --- |
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Rav6en Paris, 16/01/23, 10:46 @ capitaine56 |
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Bonjour Capitaine, --- |
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capitaine56 Toujours près de la mer, 31/01/23, 19:15 (Modifié par capitaine56 le 31/01/23, 19:24) @ basyl177 |
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Voici venir la troisième partie des aventures de mon ami pilote de bombardier-joaillier-horloger. Le Flyback, me direz-vous, voilà une subtilité bien utile pour un pilote ! Bof … ouais... Dans mon Lancaster, il y avait une montre au tableau de bord, une Smiths mécanique et nous n’utilisions que celle-ci. Il en fut de même dans tous les avions que j’ai pilotés depuis lors et il y en eut ! Je totalise la bagatelle de 2350 heures de vol, dont un grand nombre en tant qu’instructeur. Qu’importe, je suis ici pour parler de montres, pas de moi. J’ai donné ses premières leçons de pilotage à un navigateur que vous avez un peu connu, je crois : Eric Tabarly. Ce Tabarly ! La discipline et lui... Son épouse fut par la suite l’une de mes clientes au magasin. Donc, le Flyback, c’est beau. Beau, mais quasiment inutile. Entre nous, qui utilise vraiment un chronographe aujourd’hui ? Alors un Flyback ... La seconde est aussi un chronographe automatique El Primero, moins compliqué, mais monté dans un boîtier rectangulaire que j’adore, avec ses anses articulées. C’est celle que je porte régulièrement. La troisième est toujours un El Primero, encore un Flyback, avec lunette tournante mais sans phase de lune ni dateur complet. Avec les autres, j’ai été infidèle à ma marque favorite. Voici ma petite Vacheron Constantin mécanique, remontage manuel, boîtier en or. C’était en son temps le calibre le plus plat du marché. N’est-elle pas superbe ? Il lui faudrait bénéficier d’une révision, car elle n’a jamais servi et les huiles sont gommées, mais à qui la confier ? Vous connaissez quelqu’un qui pourrait le faire ? Parfait ! Nous irons lui rendre visite. Avez-vous remarqué ? Beaucoup de ces montres ont perdu leur bracelet d’origine. C’est aussi mon choix : j’avais la coquetterie de commander tous mes bracelets chez Camille Fournet et de les faire marquer à mon nom. Je possède aussi une curiosité qui m’a été offerte par son créateur : une Patton de plongée. Oui, je sais, c’est du quartz, mais ne faites pas la fine bouche ! C’est qu’elle est étonnante, cette montre ! D’abord, elle a été conçue en France, par l’un de mes amis, Jean Louis Le Bec, qui exerçait à Lorient. Je crois que le choix du nom « Patton », est dû au souvenir de la campagne de Normandie en 1944 et de la percée d’Avranches menée par le général de ce nom. Voyez-vous ce qui fait la particularité de cette montre ? Regardez bien. C’est cela : le mouvement à quartz, conçu également par Le Bec, baigne dans un liquide, comme le montre la bulle visible actuellement sur le chiffre douze, ce qui assure une résistance à la pression exceptionnelle. Une montre homologuée étanche à 1000 mètres, cela ne court pas les rues ! Celle-ci est neuve de stock et pour me faire plaisir elle porte le chiffre 24, celui de mon année de naissance, sur une présérie de 100 exemplaires. Conçue en France, elle n’en porte pas moins la mention Swiss made, car elle fut assemblée dans ce pays. Cela fait vendre. Mon ami Fred Lip l’avait bien compris qui, à la suite des mouvements sociaux que vous connaissez, avait entrepris de fabriquer des montres LIP « Genève ». A propos de lui, je me souviens d’une anecdote dont très peu de gens eurent connaissance, sinon ceux qui l’ont vécue : Revenant en sa compagnie de Suisse avec un lot de Lip Genève, nous sommes arrêtés à la frontière par des douaniers qui envisagent de fouiller sa voiture. La colère prend notre homme, une colère rouge, et le voici qui entreprend de se dévêtir, qui se met totalement à poil et qui hurle aux douaniers en tournoyant sur lui-même : « Et bien ! Fouillez-moi, maintenant ! » L’un des gabelous tente bien de préserver la pudeur de notre héros à l’aide d’une serviette tout en protestant : « Voyons, Monsieur Lip, cela ne se fait pas, calmez-vous ! » rien n’y fait, au contraire, et dans la plus grande confusion, nous quittons l’Helvétie sans autre forme de procès. On savait rire en ce temps-là ! Voyez-vous, de mon ancien métier, je n’ai pratiquement gardé que des objets que j’ai fabriqués de mes mains. Quant aux montres... je ne sais même pas ce que j’ai fait de ma layette d’outillage. Sans doute ai-je dû la donner. Peu importe. Finalement, je préfère certains mes souvenirs : Ma présentation au Général de Gaulle à Londres en tout début 1943 ; imaginez cela : je n’ai encore que 18 ans ! Ma seconde rencontre avec lui, Président de la République, lors de son passage à Quimper : « Ah ! C’est vous le monégasque breton ! » Certes, on avait certainement dû peu avant lui rappeler qui j’étais, mais bon ... Mes œuvres de joaillerie ; mes nombreux voyages en Suisse où j’ai toujours reçu le meilleur accueil, malgré l’attitude condescendante, pour ne pas dire plus, de nos voisins Helvètes vis à vis des Français ; mes relations amicales avec Fred Lip chez qui je ne manquais pas de m’arrêter lors de mes voyages et tant d’autres : Huguet à Nantes qui fut le centre de révision de toutes les Rolex en France ; Daguzé, joaillier, lui aussi, dans la même ville, que Jaeger Le Coultre et Hermès trahirent de la pire façon après que son gendre, Williamson, ait pris sa succession ; Charles Le Fèvre, le directeur commercial de Vacheron Constantin qui me proposa un jour de racheter à parts égales rien moins que la marque Breguet, alors à vendre pour cinquante millions de francs. Cinquante millions d’anciens francs, bien sûr, offre que je repoussai au prétexte que, de ma lointaine province, je ne pouvais pas participer à la direction d’une affaire située à Paris ; eh oui...on n'est pas toujours malin; et tant d’autres dont j’ai oublié les noms ! Tenez, encore une anecdote à propos de Charles Le Fèvre : Un beau jour, Vacheron et Constantin eut l’insigne honneur d’être distingué par le diplôme « Prestige de la France ». C’était la première fois qu’une manufacture horlogère, étrangère de surcroît, recevait ce trophée. Je me trouvais au nombre des invités qui se pressaient au Ritz, ministres, hommes politiques, industriels et figures du show-biz mélangés. Le lendemain de cette mémorable journée, je me retrouve dans le bureau de mon Le Fèvre, afin de lui passer quelques commandes. Arrive l’un de ses collaborateurs qui vient lui présenter le premier exemplaire de la version pour dame de la fameuse montre, le N°1. Nous contemplons l’objet et je me risque : « Vous me la vendez ? -Ma foi, pourquoi pas ? -Ça marche ! » Et voilà comment cette montre prit le chemin de la Bretagne…où elle se trouve toujours. Vous êtes bien placé pour le savoir! Certains souvenirs sont infiniment moins agréables. A l’été 1980, je suis victime d’un « casse » particulièrement violent. Deux voyous se présentent à mon domicile, me braquent ainsi que que mon épouse et mon neveu, alors en vacances chez moi. Ils nous emmènent à mon magasin et, pistolet sur la nuque, m’intiment l’ordre d’ouvrir mon coffre. Ils ignorent, à l’évidence, que j’en compte trois : le premier pour mes bijoux de stock, le second pour les pierres précieuses non montées, le troisième renfermant les bijoux appartenant à mes clients. Je ne donne la combinaison que du premier sur lequel les deux lascars se précipitent. Après quoi, ils nous traînent jusqu’à leur voiture où ils s’engouffrent, nous abandonnent sur le trottoir et bye bye ! Ils seront arrêtés quelques mois plus tard, jugés et écoperont de douze ans de cabane, mais moi, je me suis fait délester de plus de quatre millions de francs, nouveaux, ceux-là, dont une bien faible partie sera remboursée par l’assurance. L’instigateur du braquage n’était autre, tenez-vous bien, que le commercial qui m’avait vendu le système de sécurité de mon magasin ! Au mois de décembre de l’an 2000, la ville subit des inondations catastrophiques. Tous les immeubles de ma rue se retrouvent sous plus d’un mètre d’eau, pendant des jours et des jours. Mon atelier est ravagé et la plus grande partie des montres que je détiens est endommagée ; certaines le sont de façon définitive. Allons, ce n’est qu’un incident de plus ! Je ne baisse pas les bras et je redémarre. Et puis, un beau jour, j’en ai assez : Je prends la décision de me retirer. Je propose à mes deux collaborateurs de racheter mon affaire. Hélas, ils ne sont pas faits pour s’entendre en dehors de ma présence : l’un, le joaillier, est disons... bordélique, accusé par l’autre d’être crasseux. Évidemment, la joaillerie, ça fait de la poussière ! l’autre, l’horloger, est un maniaque méticuleux. Je décide alors de baisser définitivement le rideau et de vendre les murs après avoir placé mes deux bonshommes chez des confrères. J’avise donc par courrier mes clients de mon départ à peu près en ces termes : « C’est à regret que je vous informe qu’il est temps pour moi de partir en pré-retraite. » Nous sommes en 2003 et je n’ai, tout compte fait, que 79 ans. Il me reste tant de choses à faire ! Je me consacre à des expertises, je donne des cours de joaillerie, je continue à dessiner des projets de bijoux, j’en répare parfois, pour de bons amis, je fais de la musique, car j’adore jouer de la guitare, du piano et de la clarinette, je pratique régulièrement la plongée sous-marine, l’équitation aussi, et même le kayak de mer. Un jour que je j'avais entrepris de me rendre aux îles des Glénans, me voici intercepté par la Gendarmerie Maritime qui me ramène à mon point de départ en remorque de leur vedette. Peu importe que je leur affirme avoir effectué cette promenade à de nombreuses reprises, ils estiment qu'à 85 ans, ce n'est la raisonnable et surtout, je vole ! C’est de tous mes souvenirs, celui qui restera le dernier et le meilleur. Pourtant, en 2009, par prudence pour mes amis passagers que j’emmène parfois faire le tour du Mont Saint Michel, par exemple, alors que j’ai atteint ma quatre-vingt cinquième année, je cesse de piloter un avion. Mais bon, il me reste encore ma voiture ! Et mon vélo ! MON Lancaster: --- |
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Exupery (Modérateur) 31/01/23, 22:14 @ capitaine56 |
FEVRIER |
Ravi de vous relire enfin! --- |
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strikeline 31/01/23, 22:33 @ capitaine56 |
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Merci pour l'Histoire Capitaine. --- |
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Watch_addict 01/02/23, 09:42 @ capitaine56 |
FEVRIER |
Merci pour cette suite. --- |
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Rav6en Paris, 01/02/23, 11:10 @ capitaine56 |
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Excellent ! --- |
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nonosore 01/02/23, 14:04 @ capitaine56 |
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Merci pour cette belle histoire! |
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flober75 01/02/23, 15:30 @ capitaine56 |
FEVRIER |
Merci pour la suite de l'histoire. |
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capitaine56 Toujours près de la mer, 01/02/23, 18:09 @ Rav6en |
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basyl177 Paris, 02/02/23, 01:27 @ capitaine56 |
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Merci Capitaine pour cette belle épopée ! --- |
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villerville (modérateur) 02/02/23, 07:17 @ capitaine56 |
FEVRIER |
Cher capitaine, |
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gibus La Rochelle, 02/02/23, 22:20 @ capitaine56 |
FEVRIER |
Ah merci Capitaine ! --- |