capitaine56

Toujours près de la mer,
13/06/17, 19:58
 

Love LOV (Général)

C'est en surplomb du Doubs, avec une vue imprenable sur la rivière, qu'en 1893, à Lac ou Villers, Ephrem choisit de construire sa maison.

Ephrem est le dernier d'une fratrie de sept enfants, ce qui, à cette époque, n'a rien d'exceptionnel. Son père est tailleur-costumier. Lui, il cultive la terre. Il est né non loin de là, le dix neuf mai 1858, à Le Russey. Son nom de famille ? Lambert.

A l'exemple de nombre de paysans jurassiens, Ephrem ne tarde pas à se lancer dans la fabrication de montres et d’horloges. Aidé de ses fils, il produit des montres de gousset sous la marque « Opéra ».

L'aîné de ces fils se prénomme Hubert. Il est né, comme son père, à Le Russey le vingt mai 1885. Le second, Élie, est né à Lac ou Villers, le quinze décembre 1886.

Le succès est là, car dès 1905, Ephrem est amené à agrandir sa maison et à y adjoindre un atelier de production. Vient le temps de passer la main à ses fils, en 1919. Ceux-ci créent la Société Lambert Frères, dans la maison familiale qui, maintenant, donne sur une rue qui ne tardera pas à s'appeler « rue du Maréchal Foch », en souvenir de l'un des grands chefs de la Grande Guerre.

Entre-temps, Élie a épousé, le trois octobre 1918, Rose Marie Pierroulet, qui lui donnera un fils, Michel, né le vingt janvier 1922 et qui connaîtra un destin tragique, mort pour la France le douze août 1944.

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Extrait de la revue chronométrique de France, 1948



Hubert, lui aussi, s'est marié. Il convole en justes noces le seize décembre 1920 avec Anne Bernard-Granacher, fille d'un horloger voisin. Celle-ci lui donne trois enfants dont nous reparlerons.

Vient le temps des deuils : le patriarche, Ephrem décède en 1934, précédé dans la tombe par son fils Élie, mort en 1931 en laissant son fils Michel, évoqué plus haut, âgé de neuf ans. Hubert se retrouve seul à la tête de la petite entreprise. Ses trois fils sont encore trop jeunes pour le seconder, mais apprennent le métier au côté de leur père.

L'aîné, Bernard, a vu le jour le quatre février 1921
Le cadet, Daniel, est né le vingt et un mai 1923
Le benjamin, Jean, a fermé la marche des fils le douze décembre 1929. Son prénom d'usage sera celui de son grand-père : Ephrem.

Seize ans après avoir pris les rênes de la fabrique, en 1947, Hubert y associe ses deux fils aînés. Jean (Ephrem) étant encore mineur ne peut pas être membre de la société.

Celle-ci, au capital de six cent mille francs (une 4cv Renault « normale » coûte alors 280 000 fr), va changer de nom et prendre l'acronyme de la ville où elle est née : Lac Ou Villers

LOV

C'est sous ce nom qu'elle va grandir et embellir. On pousse les murs, pour accueillir plus de quarante cinq employés.

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Hubert n'aura pas le temps de jouir de son succès. Il meurt le neuf août 1948.
Daniel prend alors la tête de la fabrication,
Bernard se charge de la commercialisation,
Ephrem (Jean!) les rejoint dès sa majorité atteinte, au début de l'année 1951.

Bientôt, la marque est distribuée dans toute la France et honorablement connue. Les frères ont fait le choix de proposer des produits de bonne qualité, embarquant en immense majorité des mouvements français (Jeambrun, France Ébauches)) réputés pour leur robustesse et leur facilité d'entretien.

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Calibre Jeambrun 26


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LOV calendrier


Les boîtes sont également achetées sur place (Renaud-Bezot, je pense, mais je ne saurais l'affirmer).

Seuls les chronographes, assez peu nombreux, reçoivent essentiellement des calibres suisses Valjoux.

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Ainsi que du basique Landeron 48. Mais, si l'on remonte dans les archives de Chronomania, en l'an de grâce 2008, on y trouve une conversation autour d'un chronographe LOV embarquant un mouvement Buren 1281, au grand émoi de certains.

Mieux, en 2016, sur l'inépuisable eBay, on déniche CE chronographe :

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Et quoi t'est-ce qu'y a dedans ? Hein ? Hein ?

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Voilavoilavoila...

(Il m' a été donné de lire, « ailleurs », que LOV proposait des produits « bas de gamme ». Je ne partage pas ce point de vue. J'ai rencontré de vieux horlogers qui ont vendus ces montres. Tous ont insisté sur deux points : le sérieux de la fabrication, la disponibilité aimable de la famille Lambert)

En 1958, c'est au tour de Daniel de rejoindre ses ancêtres, à seulement 35 ans. Jean-Ephrem le suit en 1965, alors que la fabrique compte près de soixante employés. Bernard transforme la société familiale en Société Anonyme. En 1972 le capital sera de 252 000 francs (environ 240 000 euros). LOV est à son apogée.
Sans appel !


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(Entre nous, une pub aussi joyeuse ne me donne guère envie d'acheter)



Heureusement, pour sécher les larmes, il y a les buvard LOV :

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pour faire du sport, le ballon de foot LOV :

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Et les jolies filles LOV

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Mais l'heure est venue des associations, des regroupements, des fusions des absorptions et autres manœuvres financières qui accompagneront la chute et la disparition de nombre de marques françaises. Pour éviter toute erreur de ma part dans cet embrouillaminis digne des pires parties de Monopoly et de poker plus ou moins menteur, je vous invite à découvrir cet extrait :

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C'est clair, hein ?

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Voici un logo rappelant la fusion des marques au sein de la Compagnie Générale Horlogère. On voit apparaître les Japonais, on ne voit plus la marque LOV qui, si vous avez bien lu l'extrait ci-dessus, n'effectue plus que de l'après-vente.

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Comme partout, on va tenter de se raccrocher à la vague du « quartz », mais c'est peine perdue.

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Et LOV disparaît dans le cimetière des marques oubliées.

S'il est aujourd'hui extrêmement difficile de dénicher des montres signées « Opéra », bien que cette marque ait obtenue une médaille d 'or à Paris au début du vingtième siècle, bien que je n'aie pas encore déniché une « Lambert Frères » ou une « Lambert et Fils », j'ai le plaisir de posséder aujourd'hui quelques montres de cette sympathique « petite marque », dont celle-ci, une « Consul » achetée neuve quand j'avais dix-huit ans et qui n'est jamais tombée en panne au cours des cinquante six années suivantes. Puisse-t-elle m'accompagner encore longtemps !

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Ne serait-ce pas un Jeambrun ?

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Je tiens beaucoup à ma montre, c'est mon Grand Père qui me l'a vendue sur son lit de mort (W. Allen)

Alex à ML
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Ile de France,
13/06/17, 22:51

@ capitaine56
 

Love LOV

Bonjour mon Capitaine et grand merci pour ce partage.

J'aimais bien cette marque (en ai offert une Aquasport à mon neveu tiens!) dans ses versions avec boitiers tout acier et mouvements éprouvés.

Et j'ai encore cela dans mes tiroirs : une Espadon, un modèle un peu en haut des gammes de LOV.

Et puis c’est toujours un plaisir d'expliquer que non, il ne manque pas le "E", en se référant suivant l'interlocuteur à la marque des super marchés du coin ou à Georges Perec.

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Réfléchir c’est difficile, c’est pourquoi la plupart des gens jugent.

pierrounet

14/06/17, 09:09

@ capitaine56
 

Love LOV

Encore un beau sujet comme vous en avez le secret, Capitaine...
Et, comme ils disent: "All we need is LOV..." :lol3: (désolé...)

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