capitaine56

Toujours près de la mer,
10/08/15, 15:23
 

De l'évolution du commerce (Général)

De l’évolution du commerce.

Il y a un certain nombre de millénaires, les lois du commerce étaient de la plus grande simplicité et les dialogues réduits au strict nécessaire.

Exemple :

« Tu as une peau d’auroch qui me plaît. J’ai une massue. PAF ! La peau d’auroch est à moi. »

Avec l’évolution des mœurs, cette méthode radicale mais peu propice à l’accroissement de la population et au développement de liens durables entre individus fit place à une activité que l’on appela « troc ».

Exemple :
« Tu as une peau d’auroch qui me plaît. Je te l’échange contre ma massue. »
Hélas, bien vite, on assista à des dérives, le nouveau propriétaire de la massue étant fortement tenté de l’expérimenter sur le champ et de récupérer par là-même sa peau d’auroch. Naquirent ainsi les premiers litiges commerciaux (entre survivants au coup de massue, PAF !)

On entreprit de moderniser le système et quelqu’un eut l’idée géniale d’inventer la monnaie. Il est amusant de noter au passage que parmi les monnaies les plus anciennes connues, figurent des plaques représentant une peau de bœuf de belle taille et d’un poids de plusieurs kilos. Peu pratique, mais enfin, le vendeur de la massue pouvait se défendre contre l’acheteur en lui assénant, lui aussi, des coups de plaques de bronze en forme de peau de vache.

[image]

La dévaluation aidant, les plaques de bronze firent progressivement place à des pièces de taille réduite plus faciles à transporter. Quant à la massue, elle avait été peu à peu remplacée par le glaive, d’un maniement plus aisé.

[image]

Le véritable commerce était né, mettant face à face deux catégories d’individus indispensables au fonctionnement du système : le Vendeur et l’Acheteur.
Indispensables, certes, mais pas nécessairement conciliables. J’en veux pour exemple les relations heurtées entre le poissonnier d’un certain petit village gaulois que nous connaissons bien et sa pratique.


[image]
Poissonnier débattant de la qualité de sa marchandise avec sa clientèle. (Emprunt indélicat à Messieurs Goscinny et Uderzo)

Sachez que ce problème relationnel perdure aujourd’hui. En effet, en définition cruciverbiste et en six lettres, « vendeur » peut se dire :
-Escroc, bandit, truand, voleur.
En langage des mots fléchés, « acheteur » se dit (toujours en six lettres) :
-Escroc, bandit, truand, voleur.
D’où problème. Ou plutôt, problèmes car toutes les activités liées à la vente et à l’achat sont devenues suspectes.

Pour mémoire, quelques professions particulièrement mises à l’index:
-Agent immobilier (menteur)
-Banquier (malhonnête)
-Chirurgien esthétique (maladroit)
-Concessionnaire en automobiles (escroc, bandit, voleur, truand)
-Galeriste (faussaire)
-Notaire (véreux)
-Plombier-zingueur (fuyant)
-Poissonnier (voir plus haut)
Dans le domaine qui nous intéresse, à savoir l’horlogerie portative, deux protagonistes sont particulièrement à surveiller :
-Le Vendeur (escroc, bandit, truand, voleur)
-L’Acheteur (escroc, bandit, truand, voleur)
Concrètement, comment se déroule une transaction entre amateurs de montres ?

Exemple :

Le Vendeur fait paraître une annonce sur un site réputé sérieux. Si, si, il y en a.
« Je vends pour financer les études de mes quatorze enfants et les soins hospitaliers de mon grand-père, ma superbe « … » (nom à choisir au gré de votre imagination). Full set (en bon français : complète), révisée, paiement en liquide après avoir vu, touché et senti la belle (on dit toujours « la belle » sur les bonnes annonces) autour d’un café, d’une bière ou d’une bonne choucroute. »
L’Acheteur appâté, répond illico :
« Ta montre m’intéresse, rendez-vous au café du coin, si ça colle, j’ai le liquide dans ma poche. »
Disons-le clairement, dans la plupart des cas, tout baigne. Après avoir partagé le café, la bière ou la choucroute, on se quitte amis pour la vie, l’un avec sa nouvelle tocante, l’autre avec sa fraîche toute fraîche.
Hélas ! Il y a des cas…

Premier cas : le Vendeur est une fripouille. La montre n’est pas une « … », mais un vague succédané d’origine plus ou moins extrême-orientale, ou un assemblage hétéroclite de pièces en provenance de divers pays de la Communauté Européenne. Comme c’est en outre une fripouille rapide (il est aussi vendeur de voitures de sport),

[image]

il est parti se réfugier dans un paradis fiscal en abandonnant ses quatorze enfants et son grand-père pour aller couler avec l’argent de son larcin des jours heureux auprès de créatures lascives.

[image]

Reste à l’Acheteur, s’il a encore quelques sous, à acquérir un coussin en plumes d’eider et quelques tubes d’anti-inflammatoire.

Second cas : l’Acheteur est un voyou. Il propose un chèque tiré sur la banque A.B.C.O. (African banking Corporation of Ouagadougou) ou, mieux encore, l’envoi d’un mandat en bonne et due forme au bureau de poste le plus proche du domicile du Vendeur. Pour cela, il lui suffit des coordonnées bancaires complètes de ce dernier, de son code secret, de son mot de passe. Le virement ou le paiement sera effectué à partir de la G.C.T. (Grosse Caisse Togolaise) ou de l’I.C.R.C. (Îles Caïmans Ridiculous Credit). Le Vendeur confiant expédie sa belle « … » et voit son compte en banque débité au profit de Mamadou Mémé et de sa famille (quarante enfants et six grands-pères), cousin au troisième degré du Mamadou ci-dessous présenté:

[image]

Il ne lui reste qu’à emprunter un coussin en plumes d’oie et le reste de tubes de crème à son copain évoqué plus haut.

Evidemment, il existe une infinité de cas de figures, puisque nous avons, face à face, deux bandes composées d’un nombre égal de truands, d’escrocs, de bandits et de voleurs. Il y a l’argent qui n’est jamais arrivé, les faux billets de cinq cents euros tout juste sortis de la machine à laver, la montre qui s’est perdue en route, le colis ouvert par un postier indélicat parti se reposer à l’ombre des cocotiers, la tocante qui ne fonctionne plus au bout de trois mois d’utilisation particulièrement soigneuse, celle qui a été cassée par malheur, juste avant son expédition et juste après l’encaissement du chèque (mais « ce n’est pas grave j’ai la même, avec juste le cadran, le boîtier et le calibre qui diffèrent. Je vous l’expédie tout de suite »)

Conclusion à l’usage des vendeurs :
-Ne vendez pas vos montres, surtout à un agent immobilier, un banquier, un chirurgien esthétique, un concessionnaire en automobiles, un galeriste, un notaire, un plombier-zingueur ou un poissonnier. Vous êtes déjà un parvenu plein aux as, alors à quoi bon en palper davantage ? Donnez-les. Ainsi, nul ne pourra vous accuser d’avoir fourgué une bouse innommable bricolée par un prétendu horloger bidon au fond d’une officine clandestine.

[image]
Horloger bidon œuvrant au fond d’une officine clandestine. Merci encore aux créateurs.

Conclusion à l’usage des acheteurs :
-N’achetez pas de montres, surtout à un agent immobilier, un banquier, un chirurgien esthétique, un concessionnaire en automobiles, un galeriste, un notaire, un plombier-zingueur ou un poissonnier. Volez-les. N’oubliez pas que pour le prix d’un « garde-temps » d’entrée de gamme, vous pouvez acquérir dans la première cité du coin un superbe Python 357 Magnum

[image]

ou une excellente Kalachnikov avec pièces de rechange et chargeurs à volonté.

[image]

Il ne vous reste qu’à vous présenter poliment à l’entrée d’une quelconque boutique de la Place Vendôme pour faire à moindre coût votre marché.
Vous êtes revenu à l’époque de la peau d’auroch…

[image]

et de la massue…

[image]

(« PAF ! »), preuve s’il en faut que l’Histoire est un éternel recommencement.
Vous pourrez ensuite, avec le fruit de vos larcins couler sous les palmiers des jours heureux, entouré de douces et compréhensives hétaïres

[image]

dans un charmant pays qui ne pratique pas l’extradition vers notre vieille et rétrograde nation.

---
Je tiens beaucoup à ma montre, c'est mon Grand Père qui me l'a vendue sur son lit de mort (W. Allen)

Séb80

Samara Land, au fond à droite...,
10/08/15, 16:00

@ capitaine56
 

De l'évolution du commerce

Bonjour Capitaine,

Excellent... :clap: 'en pleure encore...

Et tellement "raccord" avec un autre sujet en cours :-D donc d'un réalisme inébranlable :lookaround:

---
BOYCOTT CHRONOAGENT.IT!

js

Le Nooooord!!!!,
10/08/15, 22:05

@ capitaine56
 

De l'évolution du commerce

Bonjour capitaine
Merci encore pour çe recit qui une fois de plus m'a bien fait sourire

---
Non à CHRONOAGENT.it

Canard Sauvage
[image]
Au cœur des Alpes,
10/08/15, 22:34

@ capitaine56
 

De l'évolution du commerce

De l'humour noir sous forme de gouaille ; j'adore !

---
God save the Triple.

Mnementh

Autan en emporte le vent,
10/08/15, 22:47

@ capitaine56
 

De l'évolution du commerce

Merci gars ! :-P

En résumé, le commerce, c'est le coup de massue.

en géneral

[image]

---
Rien ne va de soi...

hhh
[image]
Sur le forum,
10/08/15, 23:10

@ Mnementh
 

De l'évolution du commerce

» Merci gars ! :-P
»
» En résumé, le commerce, c'est le coup de massue.
»
» en géneral

En gégeneral !

Ça m étonne que tu aies loupé celle là...

---
Il n'y a pas que les montres dans la vie.

Mnementh

Autan en emporte le vent,
10/08/15, 23:46

@ hhh
 

De l'évolution du commerce

» Ça m étonne que tu aies loupé celle là...

Ce serait de l'apologie, illégale au pays de la liberté d'expression. :-|

Gare au retour... de manivelle.

---
Rien ne va de soi...

birdy1962
[image]
Lausanne, Suisse,
11/08/15, 14:32

@ capitaine56
 

De l'évolution du commerce

encore merci mon amiral pour ces textes drôles et amusants et surtout criant de vérités vraies.

:ok: :clap:

---
Si toutes les femmes étaient fidèles, il n'y aurais pas d'hommes infidèles !

290675 messages dans 23877 discussions, 42653 usagers enregistrés, 1308 usagers en ligne (0 enregistrés, 1308 invités) :
RSS Feed
powered by my little forum