Twann, Douane en français, est la commune qui détermine la barrière de langue entre la Suisse Alémanique et la Suisse Romande.
C'est dans ce lieu symbolique que Thomas Prescher c'est établit, on retrouve, dans son horlogerie les mêmes influences Franco-Suisse et Saxonne.
La localité est magnifique, comme j'arrive en plein travail, que Thomas fait tout, (il est le propriétaire d'une gigantesque micro-entreprise de 2 personnes), je patiente, de préférence en dehors de son atelier, pour prendre des clichés d'un environnement de travail des plus apaisant, ça change agréablement des zones industrielles:
A nombre d'égards, je crois que je touche l'antithèse de Rolex. J'arrive dans un atelier de 50m², avec une CNC 5axes (quand même), et Mark, l'assistant, opérateur CNC de Thomas.
Tout orbite autour de la CNC, point gravitationnel de l'atelier, les outils de finitions, les établis, les ordinateurs.
Car à l'exception de verres, et des balanciers/spiraux tout est fait à l'atelier, et de certains cadrans sur d'anciennes pièces.
Et systématiquement finit à la main, tour de force, contrairement à nombre d'indépendants (ne parlons même pas des indus), à et à la manière d'un Dufour, Thomas est le principal concepteur et finisseur de ses montres, donc l'horloger commercial et l'horloger réel, se synchronisent, chose (trop) rare!!
L'ancêtre des commande numériques, bonne chance!
L'établi:
Le classique tour:
L'outil pour faire des sérigraphie, ça requiert une grande dextérité!!
Le point d'orgue de l'atelier, la CNC:
La préparation de la galvano, un petit coté docteur Folamour, j'adore!
Comme l'idée de la rencontre est un Workshop, nous nous mettons donc au travail, c'est toujours un plaisir pour un Français de se faire donner des ordres, par un ancien officier de la Marine Allemande parlant Français.
"Ze n'est ba gorrect", grand moment de bonheur!! La 7éme compagnie fabrique des B-Uhr. Trop bon.
La conception commence par AutoDesk, je souhaite produire un balancier, on part donc d'un cercle que l'on va affiner peu à peu, précisant, côtes, une partie des opérations est semi-automatisé, néanmoins, la production est assez longue.
Retour de déjeuner, Mark, récupère le fichier Autodesk, pour la partie mise en production de la pièce avec la CNC, tout est paramétrer pour le meulage, taille de la fraise, nombre de tour, vitesse, angle de meulage, ce travail requiert une grosse expérience.
La pièce n'est pas meulé à 90° mais à 45° afin de diminuer les contraintes sur les matériaux.
Cette partie est la plus délicate, un ratage signifiant une casse matériel à 20000francs.
Il faut préparer la pièce avant de la placer dans la CNC, découpe dans un bloc de laiton à la scie, je casse 2 lames, sur un carré de 5cm², Thomas travaille sur laiton, selon lui le Maillechort demande des années de repos avant d'être stable chimiquement, et donc est peu adapté aux productions de Thomas (moins de 10 pièces par an), la pièce doit être brossée avant afin d'éliminer les impuretés.
La pièce arrive enfin dans la CNC, la tolérance de meulage sur un meulage habituel est de l'ordre de 2 millièmes de millimètres, ce type de précision n'est pas obtenable sur des séries de pièces à cause de l'échauffement du matériel, donc la grande précision à la sortie des CNC est réservé au très petites série.
A titre de comparaison, De Bethune travaille sur des tolérance de moins de 2 centièmes, ce qui est déjà ultra-précis, ce qui vous laisse supposer des tolérances pratiqués sur les machines qui produisent de la très grande série.
NB, les tolérances sont ici un peu plus élevé dans la mesure ou travaille sur une pièce de démonstration.
Le travail de la machine est toujours impressionnant, et les odeurs d'huiles de coupe et de métal coupé, nous rappelle que l'on est bien dans une usine.
Vidéo:
http://www.dailymotion.com/video/xe2qq9_cnc-grinding-of-a-balance-wheel-in_creation
Le travail est loin d'être finit, la pièce est décollé du support (elle avait été précédemment collé à la colle forte) par chauffage à la flamme, ensuite on la nettoie à l'acétone, puis nous finissons la découpe à la main, vient ensuite l'ébarbage, et la galvano par une succession de bains. La pièce de laiton finie couverte d'or.
Cette opération, à pris tout l'après midi.
Un meulage d'un boitier en platine requiert plusieurs jours, avec énormément de matériel usé, ce qui explique en partie les couts prohibitif d'un boitier en platine, l'usinage de la moindre de pièce à une échelle artisanale limite fortement la production.
D'une manière générale, la non-industrialisation de la production démultiplie le temps de production pour une pièce, néanmoins, cette absence de process, permet d'avoir des marges de tolérances très basses, donc un minimum de contrôles et de rejets.
Étonnant non?! Je viens de vous faire une tartine, sans vous parler de montre.
Une partie des photos viennent de Bâle, les autres ont été prises à l'atelier.
A certains égards on retrouve l'esprit des pionniers de l'horlogerie dans les pièces de Thomas, un détonnant mélange de finitions total brut de fonderie, et de très hautes finitions.
Cet esprit est revendiqué par Thomas, qui cite les artisans musulmans qui intégraient volontairement des défaut dans leur frises, pour ne pas contrefaire la pureté divine.
Comme chez Pita ou dans une dans une Bréguet vintage, on retrouve cette esprit de génial bricolo, qui fait tant défaut aux grandes maisons aseptisés.
Ma pièce préféré (avec le génial tourbillon double axe boitier coussin), un QP de folie, que je rencontre pour la première fois. Sa particularité toutes les indications sont par aiguilles sur l'axe central.
Le système de QP est très complexe et ne laisse pas le droit à l'erreur dans l'usinage des pièces.
Le résultat est fabuleux, je trouve enfin un QP qui peu concurrencer le génial DB15 cadran gris.
En fait, je préfère ce cadran, le rhodium brossé et les index romains offrent un contraste saisissant, c'est beau et parfaitement lisible, malgré un épaisseur conséquente (dans les 15mm) pour un diamètre assez petit 39mm, la pièce tombe parfaitement sur le poignet, mon seul gros regret, l'indication de l'année bissextile par guichet à 6h, elle brise quelque peu l'absolutisme du postulat initial qui consiste à faire passer toutes les indications du QP par l'axe central sans guichet.
Au delà des pratiques sexuelles prohibés sur les diptères, cette montre est un réel tour de force technique et esthétique.
Je suis vraiment sous le charme de ce QP, son cadran m'as filé un énorme blues de Paris, avec son cadran offrant des contrastes « Hausmannien » entre la dureté du rhodium gris brossé et la chaleur des index en or jaune me rappel sans doute les décoration dorés des gris immeubles Parisiens.
Coté mouvement je préfère nettement la DB15, mais le prix de cette montre est plus contenu, sont tarif est à 80000 francs, contre environ 100000 francs pour la De Bethune.
Quoiqu'il en soit, on touche à mon sens au summum des QP moderne, ces 2 montres ringardisent les QP traditionnel de la haute horlogerie industrielle.
L'autre pièce que je trouve toujours aussi magique, c'est ce tourbillon double axe, avec son boitier coussin, le cadran, réalisé par un sous traitant, et l'originalité du boitier donne à cette montre un pureté que n'atteignent pas d'autres tourbillons rotatifs du marché.
D'autres pièces que j'ai eu la chance de voir au fil des rencontres avec Thomas.
Merci à Thomas de m'avoir reçu et fait découvrir son travail, merci à WatchO pour l'organisation.
Je vais avoir du mal à oublier la magie de certaines pièces en particulier de ce QP.
L'entreprise s'appelle, « Thomas Prescher Haute Horlogerie », aujourd'hui, le terme est tellement galvaudé, que je l'appellerais plus volontiers, « Thomas Prescher Horlogerie Véritable », tant Thomas est un véritable artisan.
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