Je vous assure, mon cher cousin... (Général)

posté par capitaine56 , Toujours près de la mer, 05/11/18, 19:16

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« Je vous assure, mon cher cousin, vous avez dit : Bizarre, bizarre. 
-moi j'ai dit bizarre ? Comme c'est bizarre... »


N'étant ni Jouvet ni Simon, je ne m'étendrai pas davantage sur ce dialogue, mais j'en tirerai le mot essentiel : bizarre.

Après la bizarre Type 32 (vroooooom) qui n'est pas une Bugatti, voici venir le bizarre chronographe Japy qui n'est pas français quoique la marque le soit.

Comme le Port Salut, qui est français, c'est écrit dessus ; mais là, c'est écrit « Swiss made » en anglois dans le texte, ça fait plus riche.

Aimant beaucoup embrouiller les esprits, je vais tenter d'éclairer vos lanternes japonaises :

Japy : marque française ayant gardé le nom de son fondateur, Frédéric Japy, qui crée en 1777 son atelier d' « établissage », base même des métiers de l'horlogère, autrement dit la fourniture d'ébauches et de pièces.

Chez les Japy, famille native de Beaucourt, dans le Territoire de Belfort, on est à l'origine hommes d'armes, puis laboureurs puis notables huguenots qui, issus de peu, vont accéder à la fortune industrielle au cours du XIXème siècle.

Chez les Japy, on fabriquera des moteurs, des machines-outils, des pompes, des pièces de vélocipèdes, des meubles de jardin, des machines à écrire et des trucs divers et des bidules variés et des montres et des réveils.

Chez les Japy on sait faire plein de choses plus ou moins étranges ou biscornues. Ainsi, quelqu'un a conçu ces armes :
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Le lecteur est prié de ne pas me demander de déchiffrer les significations de ce blason et encore moins de le décrire avec les mots qui conviennent : nous y serions encore la semaine prochaine ! En horlogerie, on appelle cela une « Grande Complication »

Moment coquin :

Alors en pleine gloire industrielle et financière, la famille Japy peut s'enorgueillir de compter en son sein, pardonnez-moi l'expression, une femme du demi-monde célèbre pour ses talents « intimes ». C'est, comment dire ?, dans les bras, ou presque, de Marguerite Japy, épouse Steinheil, que notre bon Président Félix Faure passa de vie à trépas dans le salon bleu de l’Élysée et dans un dernier spasme. On savait mourir en ce temps-là.

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Je ne doute pas que certains mauvais esprits feront immédiatement le rapprochement avec la célèbre pompe Japy, tout comme d'autres avant eux l'ont fait avec la Pompe Funèbre, mais que ces voyous sachent bien que je réprouve absolument ce genre d'humour mal placé.

Fin du moment coquin que j'avais gardé pour la bonne bouche.

Les conflits guerriers divers, les crises économiques successives entraînent le déclin puis la disparition de l'entreprise. L'activité horlogère se trouve absorbée par le département horlogerie de Matra et finit par tomber dans l'escarcelle de Seiko qui délaisse la marque pour ne s'intéresser qu'à l'outil de production.

Voici venir, au tournant du XXIème siècle, Jean Paul Suchel.

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J.P. Suchel, baselworld 2017, Bell & Ross


C'est qui Jean Paul Suchel ?

Soyons clair, je ne le connais pas, mais je sais lire. Je suis donc allé consulter un site bien connu grâce auquel on apprend tout sut tout un chacun ou presque. J' y ai découvert que Monsieur Suchel est issu d'une école de commerce réputée, qu'il a toujours œuvré dans le domaine des montres sur le plan commercial et qu'il est passionné de plongée sous-marine.

A peine sorti de l'université de Paris dauphine IX, il entre à la Compagnie Générale Horlogère du groupe Matra. La cession de cette compagnie à Seiko permet à Monsieur Suchel de reprendre à bon compte la marque Japy qu'il s'efforce de faire renaître grâce à une collection de modèles de conception originale et de grande qualité de fabrication.

Sautons maintenant du bolide vroooom-vroooom Bugatti-Japy "Type 32" au chronographe Japy. Et tant pis pour ceux qui n'ont pas lu le chapitre précédent.

Vos connaissances approfondies en matière de crustacés vous permettent de ne rien ignorer de la célèbre Balanidae, plus connue sous le nom commun de balane ou balanite et dont je suis heureux de vous présenter la famille et un portrait en pied de moule.

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Balanidae parasitant une mytilus eludis


Cette bestiole, absolument pas comestible, n'a été conçue que dans le but de vous écorcher la plante des pieds et de démanger la peau des baleinoptères.

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Je sais, les démangeaisons des baleines vous laissent de marbre. Ce qui vous intéresse, ce sont les montres. On y vient, on y vient !

Je ne doute pas un seul instant que Jean Paul Suchel, au cours de ses nombreuses plongées, a fréquenté cette famille nombreuse que l'on retrouve sur tous les rochers de tous les rivages.

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Balane australienne


Je ne doute pas un seul instant que Jean Paul Suchel, au cours de ses nombreuses recherches, a été inspiré par cette famille nombreuse que l'on retrouve sur le boîtier de son chronomètre sous forme d'une excroissance senestre.

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Je ne doute pas un seul instant que vous vous demandez au cours de cette longue lecture ce qui est passé par la tête de Jean Paul Suchel pour s'inspirer de cette famille nombreuse dans la conception des poussoirs de son chronographe.

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Disons que de fréquents et longs séjours dans l'eau froide peuvent parfois entraîner de graves séquelles mentales difficilement réversibles, je suis bien placé pour le savoir.

Bref, le chronographe Japy est affublé d'une commande de déclenchement et d'arrêt comme on n'en a jamais vue. Située à gauche du cadran , elle doit être commandée par la main droite, ce qui n'est pas franchement évident.

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Pour démarrer, on appuie sur l’excroissance supérieure. Pour arrêter, on essaie d'appuyer sur celle du bas. Y en a qu'ont essayé, ils ont eu des problèmes.

L'astuce est-elle de porter la chose au poignet droit ? Non point quoique peut-être, mais dans ce cas, bonjour le remontage.

« Qu'importe, direz-vous, c'est un chrono automatique.
-Certes oui, avec plein de rubis partout et tout et tout mais quand même. »

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Le truc, c'est de sortir le mouvement et la balane (ou balanite ou balanidea) de son logement, comme cela est prévu sur toute montre Japy façon Suchel qui se respecte, mouvement tenu dans son joli corset par de délicats tétons. Non, pas ceux de Marguerite, ceux-ci ci-dessous !

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Là, on a un chrono. Costaud, le chrono : 13 millimètres d'épaisseur, 46 millimètres dans sa plus grande largeur balanitesque, 80 grammes sans bracelet ni coque externe, 150 grammes tout habillé en cuir. Une belle bête.

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Problème : la commande des poussoirs peut être rétive, ce qui n'est pas bien grave s'il s'agit de mesurer le temps qu'il a fallu à Marguerite pour amener Félix à la félicité suprême et définitive, mais ce qui ne manque pas d'être gênant lorsque Usain Bolt a déjà franchi la ligne d'arrivée quand vous parvenez à démarrer votre bidule.

Ce chronographe, malgré sa remarquable qualité de construction, malgré son originalité, malgré son mouvement de bon aloi, était voué à l'échec. Il échoua donc. Néanmoins, je l'aime bien, malgré tous ses défauts. Pourquoi ? Souvenez-vous :

« ...de fréquents et longs séjours dans l'eau froide peuvent parfois entraîner de graves séquelles mentales difficilement réversibles... »

Un jour, si l'une d'elle me passe entre les mains, je vous parlerai de la Japy Aquatique, de la Japy Terrestre, de la Japy Alarm...

et de la Pompe Japy.

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Mais non, pas celle-ci, voyons ! L'autre...

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Je tiens beaucoup à ma montre, c'est mon Grand Père qui me l'a vendue sur son lit de mort (W. Allen)


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yoli, Martin jean
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