Vrooooooom! (Général)

posté par capitaine56 , Toujours près de la mer, 02/11/18, 17:25
(Modifié par capitaine56 le 02/11/18, 20:22)

VROOOOM !

On est bien sur un forum de montres ici ? Oui, bon, alors je suis complètement dans le sujet.

VROOOOM VROOOOM, dirais-je même.

Je vais vous parler de Bugatti.

Pas de Carlo, le papa de Rembrandt, pas d' Ettore, le frangin de Rembrandt, ni de Jean, le neveu de Rembrandt et le fils d' Ettore. De Bugatti, la montre. Enfin la montre Type 32. La Type 32. Enfin, la Japy Type 32, quoi ! Ha capito ? Euh, pardon : haben sie verstanden ? Zut ! Vous avez pigé ? C'est vrai qu'avec cet ex-Italien d' Ettore, frère d'un autre ex-Italien au prénom typiquement hollandais, Rembrandt, installés tous deux en Alsace (alors germanique) et dont l'un sculpte tandis que l'autre construit des bagnoles françaises dont un modèle a inspiré un ingénieur nommé Jean Paul Suchel travaillant auparavant pour une marque d'armement fabricant des autos, des fusées et des montres il y a de quoi perdre son Espéranto, d' autant que Matra, la susdite marque, a revendu son département horlogerie à des Japonais répondant au nom de Seiko qui se foutaient comme de l'an 40 de marques aussi prestigieuses que Jaz, Herma, Yéma ou Japy et si vous avez réussi à lire cette phrase sans reprendre votre souffle et en ayant tout compris c'est que vous suivez vachement bien. Et que vous avez de gros poumons.

Adonc, je reprends : j'envisage de vous tenir quelques instants la grappe en vous parlant de cette Japy-Type-32-qui-n'est-pas-une-Bugatti-Type-32-quoique.

Et puis d'abord, connaissez-vous la Bugatti Type 32 ? Hein ? Hein ? J'en vois qui haussent les épaules parce qu'ils connaissent tout de l'automobile et particulièrement de la Bugatti Type 32. Et bien moi, je vais vous la décrire, moi, la Bugatti Type 32 et ça va être vite fait :

1/ Elle est très moche. Très. Même pour une caisse de 1923.

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2/ Elle n'a jamais rien gagné. Rien.

Et toc. Tout est dit sur la Bugatti Type 32, « le tank » (« panzer », en Germain). Quatre modèles construits, une seule course disputée, à Tours, la mieux placée finit troisième. Le bide total.

Alors, pouvez-vous m'expliquer pourquoi un type notoirement intelligent, vachement calé comme l'est Jean Paul Suchel, hyper introduit dans le milieu de l'horlogerie, est allé baptiser sa montre du nom de « Type 32 » ? Personne ne lève le doigt ? OK, je m'y colle.

Pour comprendre, il faut les regarder de profil. La bagnole et la tocante.

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Bon, jusque là, ça va. On comprend l'analogie. Mais si on regarde de face, euh...comment dire ? Y a pas photo. La bagnole est toujours aussi moche.

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La montre par contre, avec ce cadran bouchonné, ça fait clairement penser au tableau de bord d'une Bugatti.

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Une Type 32 ? Faudrait voir à être sérieux, là. Le tableau de bord d'une type 32, c'est ça :

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Y-en-a-pas.


Je vous pose encore une question : où Monsieur Suchel est-il allé chercher ce bouchonnage qui est tout sauf moche comme l'est le tableau de bord inexistant d'une Type 32 ?

Là :

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ça, c'est du tableau de bord bouchonné ! ça, ça a de la gueule ! Et ça vient d'où, ça ? Pourquoi levez-vous tous la main ? Vous savez ? Trop facile ! Oui, c'est ça, d'une Bugatti Type 35.

Et vous voulez que je vous dise ce que je pense d'une Bugatti Type 35 ? C'est simple :

1/ Elle est belle. Très. Surtout pour une bagnole de 1924
[image]

« Une œuvre technique ne peut être parfaite qu'en étant parfaite du point de vue esthétique. »
Ettore Bugatti


2/ Elle a tout gagné. Tout.
Quand je dis tout, c'est tout ce à quoi elle a participé. 2000 podiums (en latin d'origine podia). 2000...record à battre.

Alors la Type 32, hein, permettez que je me gausse.

[image]


Si la montre de Monsieur Suchel s'appelait Type 32/35, ça pourrait passer. D'autant que chez Bugatti on aimait bien faire compliqué en ce qui concerne les noms, parce que, permettez, mais les Types 2, 10, 13, 30, 32, 35, 37, 40, 41, 50, 68, 73, 101, avec des A, sans A, avec des S, sans S, et j'en passe, sans parler des variantes et de sous-types, ni des fausses ou des copies, ça n'aurait pas été choquant.

Oui, Messieurs-Dames, il y a de fausses Bugatti et des « Frankein » de Bugatti et des copies de Bugatti et des « hommages » de Bugatti » et des « Bugatti Style », comme dans le domaine qui vous passionne, j'ai parlé des montres. A ce propos, revenons à notre Type 32. La montre. Dont il n'y a ni fausse, ni copie, ni hommage, il faut le noter.

Vous voulez que je vous dise ce que je pense de la Type 32, la montre ?

1/ Elle n'est pas moche. Elle est...différente.

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2/ Elle n'a rien gagné non plus. Et c'est bien dommage.

« Je me suis proposé de créer une race de voitures légères...débarrassées à jamais du gros élément de dépenses : le poids »
Ettore Bugatti, le 1 décembre 1910


Là, la Type 32 (la montre) a tout faux. C'est qu'elle pèse son poids, la petite. Pas petite, d'ailleurs, pas comme la Type 52 (la Bugatti)

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Roland Bugatti au volant de la Type 52 électrique, devant Papa attendri


La coque externe mesure 50 millimètres sur 48, épaisseur 13 millimètres. Quant au passage sur la bascule, ouille ! 220 grammes. Il faut dire que le créateur n'a pas lésiné sur le matériau : bracelet aux maillons pleins, acier chirurgical 316 L, verre saphir, un beau bébé, quoi. Comme le dirait à peu près « Tonton Fernand » :

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« Faut quand même admettre : c'est plutôt une montre d'homme... »


Un sacré pavé même !

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Heureusement ! Heureusement, il existe d'autres bracelets qui allègent considérablement le bestiau. Parce qu'il a pensé à tout, Monsieur Suchel. Il livre son œuvre accompagnée de quatre bracelets : acier, cuir, caoutchouc, textile, interchangeables également avec les autres modèles de sa gamme Japy : l'Alarme (à quartz ou automatique), la Terrestre, l'Aquatique, le Chronographe, la GMT, avec des calibre ETA 2824 + Dubois Depraz + réglage « chronomètre »...c'est dire si les différentes versions de l'engin fonctionnent bien !

Il propose aussi un coffret qui fait irrésistiblement penser à une caisse à outil dans lequel on trouve les quatre bracelets, une montre automatique, une quartz, un outil pour changer les bracelets, un support de bureau …

«Pardon ?  Un support de quoi ?

-Un support de bureau, ouiouioui. »

Sur la photo de l'un de ces coffrets , on voit de gauche à droite :

-Le bracelet en textile
-Le bracelet en cuir
-La montre alarme avec le bracelet en caoutchouc
-En dessous, une terrestre, avec LE support de bureau
-Le bracelet en acier

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Parce que là, on touche au sublime. La montre (les montres) de Monsieur Suchel, elle se remonte, comme toutes les montres, mais elle se démonte aussi. Fallait y penser !

Comment ce peut-il ? Tous ceux qui possèdent ou ont possédé une Japy de Jean Paul Suchel connaissent la manip' :

1/ On débloque la partie extérieure de la couronne qui sert à aider au maintien de la montre dans ce que je nommerais la « coque », si j'osais, mais qui est une lunette amovible.

2/ On exerce une pression sur le verre, hop, la montre dégage.

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3/ On pose le support sur le bureau.

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4/ On admire.

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Il est à noter que la Type 32 existe également en bouchonné noir.

Vous pouvez éventuellement poser le support et la montre sur le tableau de bord de votre Bugatti Type 35, mais :

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1/ il faut posséder une Bugatti type 35

2/ Les vibrations risquent de la faire chuter, ce qui n'est absolument pas grave, car la bête est hyper costaude

3/ Il y a déjà une superbe montre Jaeger au tableau de bord de votre magnifique bolide, donc, à moins que vous soyez ceinture et bretelles...
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Sur le plan de la finition, la Type 32 (la montre) n'a rien à envier à la Type 41 (la voiture), car le traitement de l'acier est (presque) « Royal » : boîtier brossé, lunette polie, « cuvette » logeant la couronne polie également, du beau boulot.

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Cela dit, avouons-le, la montre n'est guère lisible, en raison, entre autre, de la disposition des chiffres. Oublions le dateur, minuscule ouverture rectangulaire à trois heures. Les aiguilles sont, à mes yeux, réussies et la trotteuse parfaitement visible, elle.

Le bracelet en acier (maillons pleins, je vous le rappelle) dispose d'un fermoir robuste qui ne risque pas de casser au premier choc. C'est de la bonne came, ça !

[image][image]


J'aime bien cette Type 32 qui me semble, tout compte fait, plutôt réussie, originale et bien pensée. Alors, pourquoi, comme la Bugatti Royale, a-t-elle fait un bide, au point que Monsieur Suchel y a perdu toutes ses billes ? Certains racontent, sans doute ont-ils raison, que les sommes englouties dans la conception de l'engin était telles qu'il ne restait quasiment plus rien pour la promotion de la gamme. Tout l'inverse de la marque à la couronne, quoi. Dommage.

Allez, c'est bientôt l'heure de la récré, je vous passe quelques images parce que vous avez été bien sages, admirez la « Type 32 » :

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Mais non, quoi, enfin, sot ! Pas celle là !

Celle-ci :

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Et pour finir, le "petit" bolide Type 32 à côté du chrono chargé d'enregistrer ses temps de passage

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Un regret ? Oui : pourquoi Monsieur Suchel ne s'est-il pas inspiré de ce « tank » Bugatti ? Il a une autre gueule, non ?

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Vroooooom-vrooooooom-vrooooooom ! Et ce tank-ci, il a gagné, lui !

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Je tiens beaucoup à ma montre, c'est mon Grand Père qui me l'a vendue sur son lit de mort (W. Allen)


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