Comment s'offrir son Graal? (Général)

posté par capitaine56 , Toujours près de la mer, 14/09/17, 12:27

«Comment m'offrir pour pas cher la montre de mes rêves?»

Qui parmi nous ne s'est jamais interrogé de la sorte?

Disposant de nombreux temps libres, j'ai eu tout loisir de réfléchir à cette épineuse question et d'y trouver quelques réponses que, dans ma grande générosité, je me propose de vous soumettre.

Le premier problème à résoudre est celui-ci:

«Quelle est vraiment la montre de mes rêves?»

Une copie basique de Sea Dweller? Le Bon Coin, eBay, le marché de Vintimille ou celui de Marrakech feront l’affaire. Dans les deux derniers cas, prévoir les frais de déplacement. Dans le dernier cas, craindre une saisie en douane et l'amende subséquente et conséquente.

[image]


La Rolex de feu sa Majesté l'Empereur Bao Daï? Trop tard, elle vient d'être fourguée. Cher.
[image]


La montre de LAO? Y'en a plus de dispo et les dernières ne sont pas encore livrées!
[image]


Une Flic-Flac? Bon, là, ça va. On quémande quelques sous à la Mamie et l'affaire est réglée. Si elle rechigne, on lui pique son porte-monnaie, de toute façon, elle le perd tout le temps.
[image]


Nous allons donc évoquer le Graal, forcément Intemporel. Les Graals, devrais-je dire, tout en m'interrogeant: Graal prend-il un S au pluriel? Y a-t-il même un pluriel graalesque?

Ces Graal (Graals?) ont, pour la plupart, un inconvénient majeur: ils réclament un maximum de pognosoff, de blé, d'oseille, de foin, d'affure, d'artiche, de fric, bref: de l'argent.
[image]


C'est là que le bât blesse. Sauf à s'appeler Mark Zuckerberg, Bill Gates ou Mohamed Ben Salmane Al Saoud Fahda Bin Falha Al Hitleen Alajami d'Arabie Saoudite, la grande majorité d'entre nous a un plafond. Moi, en particulier. Et celui qui ose parler du plafond de mon cerveau va s'en prendre une!

La bonne question est donc: comment percer ce plafond?

La meilleure solution consisterait à inventer un nouveau «fesse bouc», de nouvelles «fenêtres» ou à renverser le régime Saoudien. Difficile, mais il n'est pas inutile d'espérer pour entreprendre. Gaffe quand même: la peine de mort est toujours d'actualité en Arabie Saoudite, agrémentée de délicieux raffinements.

La seconde solution serait d'épouser une héritière directe d'un des trois susnommés, où d'un de leurs copains. Paris Hilton, par exemple? Là une nouvelle question nous interpelle: le plus enviable des Graal (S?) mérite-t-il que l'on épouse Paris Hilton? Je ne pense pas.

[image]

(Elle non plus, d'ailleurs.)


La troisième solution envisageable pour le vulgum pecus: trimer, bosser à mort, gratter sur tout: patates à l'eau et pas de caviar, eau du robinet à la place du Dom Pérignon, planche à roulettes plutôt que Porsche pour aller au turbin, vacances à Maubeuge au lieu de Saint Tropez, NON, pas de vacances du tout. Ni tabac, ni vapotage ni herbe. Plus de vikende avec des p'tites pépés. Ne pas oublier de couper le chauffage et l'électricité, cette dernière manœuvre supprimant ipso facto télé, chaîne hi-fi et autres dévoreurs de budget. Faire la manche au coin d'une rue fréquentée (pas la vôtre, un peu de dignité, quand même).
[image]


Voilà un bon plan! J'ai essayé: ça a marché! Deux jours. Cinq balles! Pas assez pour la De Béthune envisagée pour mon prochain anniversaire, et il m'a fallu une caisse de Dom Pérignon pour m'en remettre.
[image]


Certains simples d'esprit ont pensé, comme je l'ai également tenté, interroger leur banquier.

«Vous voulez acheter QUOI? Une MONTRE? A ce PRIX? (Voix étranglée)
-Euh...
-Vous apportez quoi, comme garantie? Votre maison? Pff. J'ai déjà une hypothèque dessus. La signature de vos parents ascendants et descendants? Mmmouais, mais non.» (méprisant, le mmmouais))

Et le banquier de conclure, après avoir lorgné sur sa Voutilainen:

«Allez, bonjour chez vous. Je suis très pris. J'ai rendez-vous avec Jack Dorsey qui doit me présenter Paris Hilton pour un petit projet hôtelier à la Mecque.»

Oui, mon banquier est arrogant et mal élevé. Surtout depuis que ma retraite a baissé et mes impôts augmenté.
[image]


Reste la seule, l'unique solution: allez tout bonnement vous approvisionner dans la boutique de votre choix. Comment? Mais enfin, c'est élémentaire!

Certes, l'heureuse époque est révolue où il suffisait de revêtir une paire de gants (pour les empreintes) de poser une casquette sur sa tête et un foulard devant la bouche, puis de jaillir dans la boutique en brandissant un gros surin tout en hurlant:

«Haut les mains, que personne ne bouge! La bourse ou la vie!»

Puis de se servir dans des vitrines même pas fermées à clé. Le bon temps, quoi! Après, il suffisait de bondir sur son vélocipède judicieusement positionné devant la porte et adieu Berthe.
[image]


Si l'on veut bien se pencher sur quelques affaires anciennes de braquage de bijouteries, il faut noter au passage que les montres laissaient les «apaches» plutôt indifférents.
[image]


Seuls les intéressaient la fraîche, la joncaille et les diams, plus faciles à fondre ou à fourguer. Qui diable, à l'ère du gousset en argentan, se serait intéressé à une «double red» ou à une «pré moon»?
[image]


[image]


Les temps ont changé, hélas. Il faut aujourd'hui beaucoup plus d'organisation pour braquer les show-rooms des beaux quartiers: caméras de vidéo-surveillance, vigiles armés jusqu'aux dents, plan Vigie Pirate, recherche d'ADN; pas celui des Graals ( Graal se dit-il Graaux au pluriel?) iconiques et intemporels, le vôtre.
Allons, aucun de ces obstacles n'est insurmontable, nombre de tentatives menées à bien l'ont amplement prouvé.

Il vous faut donc:

-Revêtir, sous un costume de bonne coupe parfaitement neuf que vous ne porterez qu'à cette unique occasion, une combinaison de plongée afin d'éviter de semer votre ADN dans tous les coins.

Attention:

-Le jean déchiré aux genoux et le tee shirt «I love Maubeuge» sont vivement proscrits.

-Ne pas enfiler la cagoule de la combinaison de plongée. Cela risquerait d'attirer l'attention.

-Le costume neuf peut être éventuellement remplacé par celui (s'il est à votre taille) de votre beau-frère que vous ne pouvez pas blairer et qui porte des Festina. Dans ce cas, n'hésitez pas à semer son ADN partout.

-Placer sur vos pupilles des lentilles d'une couleur différente de celle de vos yeux,

-Enfiler discrètement à la dernière minute une paire de gants chirurgicaux,

-Sonner à la porte du sas en offrant votre plus beau sourire à la caméra,

-Saluer poliment le vigile qui vous reluque d'un air soupçonneux.

Attention:

-Ne pas porter un faux nez rouge ou de grandes oreilles factices. Ces artifices éveilleraient la méfiance du plus borné des agents de sécurité,

-Ne pas oublier d'offrir une friandise à son berger allemand. Évitez de lui faire un câlin, ces animaux sont parfois vindicatifs (tant le maître que le chien).
[image]


Une fois introduit dans le Saint des Saints, sortir enfin votre artillerie.

Nota: à en croire l'un de nos nouveaux petits camarades, le Colt 1911 A1 serait un excellent outil, élégant, fiable et ayant beaucoup de «présence».
[image]



Attention:

N'utilisez qu'une seule arme! Votre autre main doit pouvoir tenir le sac en plastique dans lequel vous ferez entasser par des hôtesses aussi jolies que tremblantes toutes les montres présentées, dont votre Icône, of course.

Attention:

-Ne vous exprimez que par gestes, la reconnaissance vocale incluse dans le dispositif de vidéo-surveillance peut être redoutable. Le Colt 1911 A1 agité convenablement est un parfait moyen de communication, compréhensible dans toutes les langues.

Attention:

-N'abattez surtout pas le chien! Cette pauvre bête ne vous a encore rien fait et les ligues de protection des animaux ont des réseaux de recherche dans tous les pays.

-Évitez de blesser les hôtesses, elles peuvent resservir.

-Le problème du vigile est laissé à votre appréciation mais cela peut vous coûter vingt ans de placard. Trente, s'il y a acharnement. Néanmoins, quelques traces de sang sur le costard du beauf peuvent présenter un certain intérêt.

Inconvénient: il faudra repasser au retour par le domicile de cet imbécile et profiter de son absence pour remettre le costume dans sa penderie.

Ensuite, sortez rapidement MAIS calmement du magasin, détachez et enfourchez calmement le scooter préalablement volé que vous aurez pris soin de cadenasser solidement devant la porte (il y a tant de gens malhonnêtes!) sans oublier de mettre calmement votre casque. Toute manifestation d'énervement risquerait d'être mal interprétée par la première patrouille venue du plan Sentinelle. Tout oubli de casque vous vaudrait d'être interpelé en moins de cent mètres.

Rendez vous aussitôt chez le chirurgien esthétique contacté auparavant qui vous refera le visage et les oreilles (très important, les oreilles: personne n'a les mêmes) en échange de son Graal à lui qui se trouve parmi votre butin.

Après quelques jours de convalescence chez ce brave homme, jours que vous aurez consacrés à brûler costume (si ce n'est pas celui de l'autre crétin, là), tenue de plongée, gants chirurgicaux et à revendre sur le Bon Coin le scooter volé (le Colt 1911 A1 ayant été jeté dans un égout pour éviter qu'il échoue dans de mauvaises mains) vous serez en mesure de quitter le pays.

L'autocar, le train ou le co-voiturage sont vivement recommandés. Il n'y a pas encore de portiques de sécurité, contrairement aux aéroports qui sont devenus infréquentables. Prudence avec l'auto-stop: on ne sait jamais sur qui on peut tomber!

Arrivé à destination, il ne vous restera qu'à revendre votre butin à quelque oligarque russe de passage et à jouir enfin de la contemplation de votre Belle Icône.

Élémentaire, mes chers Watson! (Watsons?)

---
Je tiens beaucoup à ma montre, c'est mon Grand Père qui me l'a vendue sur son lit de mort (W. Allen)


Discussion complète:

290615 messages dans 23870 discussions, 42617 usagers enregistrés, 1149 usagers en ligne (7 enregistrés, 1142 invités) :
strikeline, Montres1, Spiff, Dadowatches, Gw, boyster, LeonDeBayonne
RSS Feed
powered by my little forum