Tudor Pelagos & Black Bay @ Baselworld 2012: (Général)

posté par Oyster64 , 24/05/12, 23:09

» Au début de chaque Baselworld, les regards des commentateurs oscillent
» frénétiquement entre les deux stands stars, le stand Rolex et le stand
» Patek.
» Pourtant, pour bien voir les futurs best-sellers de cette édition 2012, il
» fallait tourner la tête légèrement à droite quand on faisait face au stand
» Rolex.
» En effet, même si le Stand Tudor est absorbé par l’inexpugnable bunker
» Rolex, les nouveautés présentées par Tudor ont concentré le feu de tous les
» photographes et de toutes les attentions.
» L'excellent Chrono Héritage présenté en 2010 n'était donc pas un
» «single-shot», ce qui tend à confirmer que les créations de Tudor servent
» de «laboratoire» au groupe Rolex.
»
» Disons-le d’emblée, c’est le plus gros carton de Baselworld 2012. Tudor n’a
» pas seulement présenté la montre la plus désirable du salon, mais les deux
» montres les plus désirables du salon, en tous cas dans la catégorie
» abordable. Vous savez, cette catégorie des montres qui ne provoquent pas de
» divorce, en cas d’achat compulsif.
» Je laisse à votre bon soin de leur attribuer la première et la seconde
» place du classement, en fonction de vos goûts.
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» La question c’est : pourquoi?
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» Pour comprendre la réussite que représentent ces produits, il faut
» comprendre le mythe Rolex. N’étant pas un Rolexophile, je vais vous le
» décrire d’un point de vue de béotien.
» La mythologie Rolex a été popularisée par un autre mythe, celui de James
» Bond, incarné par Sean Connery. Rolex, c’est la légende de l’homme Alpha
» des 50-60’. Aventurier, sportif, mais aussi gentleman tout en restant
» viril, bref, le dernier avatar de l’homme total du XVI-XVII siècle (le
» Gentilhomme, poète, philosophe, bretteur et cavaleur).
» Ce mythe de l’exploration, des dernières conquêtes géographiques
» (profondeur dans la fosse des Mariannes, hauteur au sommet de l’Everest),
» mais aussi celui des barbouzes, est fondateur de la passion Rolex (en ce
» qui concerne les barbouzes, voir le récent et excellent « Killer Elite »
» se déroulant à la fin des 70’, où Robert de Niro et Jason Statham sont
» dotés de Rolex Submariner 5513 ou 1680). Il faut admettre que nombre de
» commandos de marine étaient équipés de Rolex durant les 50-60’s, damant le
» pion à Panerai, pourtant fournisseur historique des nageurs de combat de
» l’Axe.
» Rolex, pour les plongeurs les plus richement dotés, mais aussi Tudor, pour
» les corps d’armée plus économes.
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»
» Pour les puristes Rolex & Tudor, l’idéal horloger réside dans une montre
» fonctionnelle, étanche, lisible, compacte et qui conserve l’élégance des
» galbes chers aux années 50.
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» Or, depuis l’abandon progressif du tritium et des cadrans peints, dans les
» années 1980, une partie des fans de Rolex sur internet sont frustrés, tant
» la volonté du «zéro défaut» de Rolex l’a parfois conduit sur les voies de
» l’embourgeoisement.
»
» Et contre toute attente, c'est la marque «abordable» de Rolex, Tudor, qui
» présente cette année deux montres totalement dans l'esprit «aventurier» des
» années 50.
» Si ces deux montres diffèrent totalement dans la réalisation, elles
» répondent au même cahier des charges : produire des montres de plongée
» conformes aux critères qui ont fait le succès originel de la Submariner.
» D’un côté, les ingénieurs ont regardé vers les années 50-60, en
» reproduisant le plus fidèlement possible une plongeuse militaire.
» De l’autre, ils ont regardé vers le futur en créant la plongeuse mécanique
» la plus moderne possible, mais répondant exactement aux mêmes critères.
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» Tout d’abord, la plus désirée ? Espérée ? Demandée ? La Tudor Black Bay.
» La BB s’inspire théoriquement de la Tudor 7922-7924 des 50’s ; cette Tudor
» à vocation professionnelle, voire militaire, disposait d’une lunette bleue
» ou plus rarement rouge.
»
» Côté boitier, c’est également très fidèle au vintage: lunette métallique,
» «Big Crown » sans épaulements, verre saphir bombé (l’esthétique du vintage
» sans les soucis du plexi). Les cornes sont même assez fines de face mais,
» et c'est le seul point noir, elles sont un peu trop épaisses sur le flanc
» et font donc trop modernes, un défaut déjà aperçu sur la « New Migauss ».
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» Pour comprendre le cadran, il faut tout d’abord parler de la lunette;
» l’équipe de chez Tudor a fait le choix étonnant de reprendre la lunette
» rouge; il faudra attendre un peu pour la version bleue. Ce choix souligne
» bien la police dorée du cadran. Si c’est un choc pour certains, c’est assez
» cohérent pour la maison à la couronne, notamment après le succès des
» lunettes vertes chez Rolex.
» Mais surtout, après des hectolitres de lunettes Pepsi en vintage, Tudor
» franchit le Rubicon des sodas qui bullent, en proposant enfin la Rolex
» Coca-Cola, pardon, la Tudor Coca.
»
» Le charme de la montre vient de sa chaleur, de la combinaison d’index,
» d’écriture et d’aiguilles dorés, posés sur un cadran bombé et combinés avec
» la lunette rouge/bordeaux. Tout cela donne à la montre la chaleur d’un
» péplum en technicolor.
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» Selon le kit presse, le cadran est noir, mais selon mes yeux, et selon mon
» EOS 60D, il semble légèrement brun, comme sous l’effet d’un radium
» imaginaire. A moins que les index/police/aiguilles SuperGilt (©
» Watchonista) rayonnent visuellement sur l’ensemble du cadran…
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» Selon les puristes Tudor, la montre ne devrait pas avoir d’aiguilles
» Snowflake, qui ne matchent pas historiquement avec ce type d’index (il
» devrait y avoir des aiguilles double pencils)… Ainsi que quelques autres
» détails, comme l’insert rouge entre la couronne et le boitier (qui ne
» choque absolument pas une fois la montre en main).
»
» Comme toujours, si la critique est facile, l’art est difficile.
» Aujourd’hui, par exemple, une des seules tentatives presque parfaites de
» refaire une Néo-Vintage, est la Jaeger leCoultre Polaris. Si cette dernière
» est quasi-conforme à la vintage, elle souffre cependant de quelques
» défauts, qui prouvent l’impossibilité (?) de l’exercice : La montre est
» relativement froide, les index « Luminova vintage » sont surfaits, mais
» surtout le prix, qui avoisine les 12.000€, est totalement prohibitif.
» Donc, si l’expertise vintage de cette Polaris est très réussie, par contre
» le résultat produit est un peu mitigé.
» Par comparaison, la Tudor Black Bay, ou certaines Panerai Néo-Vintage, sont
» beaucoup plus amusantes pour des tarifs plus en rapport avec le mouvement,
» bien qu’elles ne soient pas des copies conformes.
»
» Aujourd’hui, il est donc vain de vouloir reproduire à l’identique les
» glorieuses « oldies » :
»
» -La politique interne des maisons d’horlogerie, et en particulier celle des
» groupes d’horlogerie, interdit certaines choses ; par exemple, il semble
» que les aiguilles Mercedes (qui iraient mieux avec ces index) soient plutôt
» réservées aux Rolex.
» -Le niveau qualitatif et la constance de celui-ci a fait un bond quantique
» depuis les années 50-60’: bon nombre de patines et autres lunettes
» délavées, venaient des défauts de fabrication de l’époque.
» -Les procédés se sont fortement industrialisés, et les techniques de
» fabrication des cadrans de l’époque ont été oubliées.
» - Les interdictions successives du Radium, puis du Tritium, rendent caduque
» le vieillissement accéléré des index/cadrans.
» -Personne ne possède la machine à vieillir les montres, d’autant que le
» vieillissement est inhérent à son acquéreur original (CF l’article sur la
» PAM382 « Gonzo »).
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» Moralité, il est bien plus important qu’une montre « sonne » vintage avec
» charisme, plutôt qu’elle soit une impossible copie conforme.
» Autre code vintage que cette Black Bay respecte, le prix. Même s'il reste
» moderne, c’est l’une des néo-vintages les moins chères du marché (citons
» également la Longines Legend Diver).
» La Tudor BB sera vendue environ 2400€ dans sa version sur cuir vieilli (que
» vous vous empresserez de mettre sur NATO) et 2600€ dans sa version sur
» bracelet acier.
» Pour une vintage certifiée et de qualité, il faut compter 10 fois plus, les
» becquerels sont offerts.
»
» NB : Ces deux montres sont équipées de l’ETA 2824 (d’ailleurs, Tudor
» communique clairement dessus, ce qui est rare, donc louable), fréquencé à
» 28800a/h pour 38h de RdM théorique. Le 2824 possède la qualité de son
» défaut, sa banalité, consécutive à sa diffusion colossale, le met à l'abri
» des gros problèmes de SAV. Les compétences et les pièces seront disponibles
» en abondance et pendant très longtemps.
»
» L’autre bombe présentée par Tudor, c’est la Pelagos (en grec= la haute
» mer). Si la Black Bay se grime en mamie des Submariner, la Pelagos se pare
» des habits du petit-fils prodige.
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» C’est le remake ultra-futuriste des fameuses Tudor de plongée vintage,
» comme la « Marine Nationale ».
» C’est d’une part un exercice futuriste, mais aussi réaliste. Plutôt que
» proposer une pièce démesurée avec une étanchéité inaccessible aux meilleurs
» plongeurs, Tudor c’est focalisé sur les aspects pratiques et esthétiques.
»
» Depuis des décennies, la Submariner est la source d’inspiration principale
» des petits fabricants en mal de créativité.
» Et force est de constater que, notamment du côté des allemands et parfois
» même des américains, certains parvenaient à proposer des plongeuses plus
» crédibles dans le rôle de la tool-watch, que celles proposées par Rolex.
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» Les Submariner, à force de devenir des produits de luxe, ce sont
» embourgeoisées. Pour damer le pion aux « petits », qui produisent parfois
» du Rolex vintage avec un certain succès, il fallait revenir à la source.
» Et le retour aux sources c'est les clefs de la réussite de cette Pelagos.
» Technique, ultramoderne dans sa conception et ses détails, mais aussi et
» surtout épurée pour laisser le fonctionnalisme s’exprimer.
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» Première grosse surprise, l’utilisation du titane brossé pour le boitier ;
» si le matériau est devenu le grand classique de l’horlogerie, remplaçant
» même l’acier dans certaines maisons, son utilisation était
» quasi-inexistante dans le groupe Rolex…
» Après sa phase d’oxydation, le titane va prendre une légère couleur brune
» (apportant une relative furtivité à la pièce). L’aspect mat se retrouve
» aussi sur la lunette en céramique microbillée.
» Les carrures, qui font sensiblement le volume de celles de la Black Bay,
» paraissent un poil moins grosses que sur cette dernière : le titane brossé
» et le boitier un peu plus gros (42mm) contribuent à affiner le visuel des
» carrures.
» Sur les flancs on retrouve, coté couronne, des épaulements très bien faits,
» sobres et acérés. De l’autre côté se trouve une valve à hélium. Cette valve
» est loin d’être indispensable en plongée de loisir ou semi-pro. Comme sur
» beaucoup de montres, elle est intégrée à 9h, ce qui brise un peu l’harmonie
» du boitier ; une intégration entre les cornes ou à 7h30 ou 10h30 serait
» plus subtile…
» Le dernier point notable, c’est le bracelet en titane. Une série de
» dispositifs, au niveau de la boucle déployante, permettent au bracelet de
» s'adapter au diamètre du poignet, qui varie selon la profondeur:
» l'épaisseur de la combinaison de plongée décroît avec l'augmentation de la
» pression.
» Mais au quotidien, ce qui est vraiment important pour les desk-divers,
» c’est de savoir si l’autoréglage est assez
» fin pour s’adapter aux températures estivales, selon la dilatation du
» poignet du porteur. Les heureux propriétaires pourront partager leurs
» expériences dans quelques mois. Nul doute que si cela fonctionne, Tudor
» aura trouvé la pierre philosophale de la boucle déployante sur bracelet
» métal.
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» Le cadran donne tout son sens à la furtivité et à l’épure que représente
» cette montre. Tout d’abord, il est totalement mat (à l’image du boitier),
» et il présente un rehaut biseauté, avec des créneaux (oui, comme sur les
» Seiko Diver 200) pour laisser la place aux index NON CERCLES !
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» Des index non cerclés de métal, on n’est pas encore complètement revenu aux
» cadrans peints, car les index sont apposés, mais c’est déjà un pas de géant
» pour les amateurs de tool-watches.
» Les index sont carrés, ce qui matche, parait-il, avec les superbes aguilles
» snowflake (vous noterez la finition noire au centre), tant mieux ! Le tout
» lume bleu sur fond noir, comme la SDDS, c’est joli, ça fait technique ;
» mais est-ce que la brillance est meilleure qu’avec une couleur verte ? Il
» faudra aussi tester.
» La montre présente également peu de littérature pour un cadran de
» Submariner. Mais surtout, le cadran en dépit de son absence de clinquant,
» fait très qualitatif : tous les détails, comme le guichet de date ou les
» découpes du rehaut, sont très très soignés.
» Si la Black Bay est un hommage réussi aux montres d’aventuriers et autres
» plongeurs des années 50, la Pelagos est la parfaite montre d’aventurier des
» années 10, efficace, épurée, technique, tous les éléments sont réunis pour
» la joie des Desk-Divers. Le prix sera d’environ 3300€, avec le bracelet
» titane (ce serait criminel de ne pas le prendre), ce qui est très correct
» pour un mythe ressuscité.
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» La guerre commerciale fait rage sur tous les fronts, notamment sur celui
» des plongeuses; Du Japon aux USA, en passant par l’Eurasie, Oméga, Rolex,
» Breitling et Tag Heuer se battent pour vendre le plus de montres possible,
» en oubliant parfois la passion simple des amoureux de montres.
» Ce qui vient de se passer chez Tudor est très sain et positif. L’équipe
» créative de Tudor a réussi à manœuvrer le supertanker de Plan-les-Ouates
» avec brio. Ces nouveautés, pensées par des passionnés pour des passionnés,
» prouvent que la création, que les produits les plus cool, ne sont pas
» l'apanage des horlogers indépendants ou des marques de niches…
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Bonsoir
Merci pour ce post remarquablement développé !


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