Tytil


12/06/16, 14:01
(Modifié par Tytil
le 12/06/16, 14:41)
 

visite manufacture Andreas STREHLER : 1ere partie (Compte-rendus rencontres)

ANDREAS STREHLER


Avant de présenter cette petite manufacture que j’ai eu le privilège de visiter, un petit rappel de l’historique s’impose ! Et notamment le parcours d’Andreas …

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1. Naissance et début dans l’horlogerie à Frauenfeld
Andreas Strehler est né à Winterthur (Suisse Alémanique) en 1971. Son père est un collectionneur et amateur de montres de poches à petites complications & affichages spéciaux. Andreas est très vite attiré par ces drôles de petites machines dont il passe des heures à comprendre le fonctionnement. C’est l’époque phare du quartz mais le jeune homme a d’autres rêves... Andreas commence donc son apprentissage de l’horlogerie à Frauenfeld puis poursuivra ses études de « rhabilleur » à l'école technologique de fabrication de montres de Soleure (Solothurn).

2. Renaud & Papi
Printemps 1991, à l’examen final : un professeur lui tend le journal L’Impartial: une société quasi inconnue à l’époque (Renaud & Papi) au Locle cherche un horloger. Andreas Strehler n’a que 20 ans et ne parle qu’allemand. II rejoint malgré tout l’atelier R&P. Andreas y devient rapidement chef prototypiste de l’atelier et côtoie les frères Grönefeld, Stephen Forsey, Kari Voutilainen, Peter Speake-Marin … Que du beau monde en définitive!

Il y a aussi un germanophone à l’atelier: l’Alsacien Robert Greubel. Cette proximité linguistique favorise instantanément les échanges et créera un lien entre eux. C’est lui qui va initier Andreas à la CAO et à une certaine culture horlogère. Il lui partage son ordinateur et lui offre aussi un livre clé pour comprendre la suite : « The Art of Breguet » de George Daniels.

Andreas travaille en particulier à la conception d’une répétition minutes en hommage à John Schaeffer et contribue à plusieurs autres projets de mouvements. Il restera finalement quatre ans chez Renaud et Papi en tant qu’expert-concepteur! Il en part quand Audemars Piguet a repris la majorité de la manufacture.



3. 1995 : propre atelier


Andreas monte en 1995 (avec l’aide de son père) son propre atelier de conception & restauration. Il s’installe donc comme horloger restaurateur indépendant : au menu, restauration de pièces anciennes et création de ses propres mouvements. Les premières années furent consacrées au rhabillage, dans cet atelier aménagé dans le garage paternel ! Mais il pense déjà à sa propre marque (avec comme modèle Breguet)
C’est dans cet environnement quelque peu intimiste qu’il mène de front la réalisation de 5 exemplaires de répétition minutes pour Audemars Piguet tout en restaurant des montres anciennes à complications.


4. 1998 : horloge de bureau

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Andreas prolonge aussi son plaisir en concevant et réalisant seul ce qui peut être considéré comme une première œuvre « initiatique » : une magnifique horloge de bureau qui est un hommage contemporain aux modèles historiques à mécanisme « sympathique » de Louis Bréguet.
Cette pièce unique qu’il présente au monde horloger en 1998 à Baselworld lui aura demandé pas moins de 3000 heures de travail !

Réalisée en laiton doré, sa partie fixe affiche jour de la semaine, quantième, mois et année. L’heure se lit sur la montre de poche en acier damassé positionnée sur le berceau supérieur. Seule cette partie mobile possède l’organe réglant, ce qui signifie que le quantième n’avance plus lorsque les deux parties sont désolidarisées et que son propriétaire part en voyage la montre en poche. Mais l’astuce d’Andreas, et en quoi il rejoint ici son illustre prédécesseur (Breguet), est d’y embarquer un mécanisme à mémoire qui enregistre jusque sur 3 semaines les passages à minuit !

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Au retour chez soi, il suffit de repositionner la montre dans son berceau pour enclencher le mécanisme de remise à jour des indications de quantième ! Et tout est prévu par Andreas : au-delà des 3 semaines ou en cas d’arrêt prolongé de l’ensemble, un dispositif de réglage spécifique positionné sur le berceau permet le réglage à la bonne date. Enfin, l’énergie nécessaire au bon entraînement des rouages intégrés dans le socle est fournie tous les 6 mois par l’activation d’une colonne à piston.
Le tout est mis en valeur dans un écrin en bois ouvragé qui renforce encore le côté Art Nouveau de ce Quantième Perpétuel de bureau!



5. En 1999 : la ZWEI


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Dès 1999, Andreas Strehler produit une autre pièce unique au format montre de poche qu’il baptise simplement la Zwei. Fruit de ses réflexions et de ses recherches sur l’affichage alternatif qu’il met en œuvre grâce à un mécanisme d’engrenages à différentiel de sa conception, c’est aussi la première fois qu’il utilise les indications horaires pour visualiser les mois, principe qu’il réutilisera plus tard sur la Moser Perpetual 1.

Une pression sur le bouton à 10h et l’aiguille des heures indique ainsi le mois alors que simultanément l’aiguille des minutes indique la date, le tout sans interruption du mouvement.
Andreas produit en 2001 cette Zwei en version montre-bracelet. Elle reprend à peu de choses près le même principe, une pression sur le bouton à 2h permettant à l’aiguille des minutes d’indiquer la date.
Deux fois de suite, Andréas réalise ainsi une première horlogère en matière d’affichage alternatif, démontrant tout son talent d’ingénieur-concepteur sans cesse à la recherche de nouvelles façons de raconter le temps.


6. En 2000 : AHCI
Andreas rejoint l’AHCI (Association des Horlogers Concepteurs Indépendant). Cette association a été fondée en 1985. Elle regroupe des créateurs d’horlogerie. Sa mission est de perpétuer les traditions horlogères, l’artisanat (montres fabriquées par la main de l’homme), promouvoir les horlogers indépendants…Il en devient alors le plus jeune membre. Il en est aujourd’hui le président!



7. En 2003 : projet Chronoscope pour Chronoswiss

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En parallèle, il travaille à la réalisation du Chronoscope pour la marque Chronoswiss, modèle de chronographe mono-poussoir. Le modèle Chronoscope réalisé sur un calibre de base Enicar est classé «Montre de l’année» par le magazine allemand Armband¬uhren



8. En 2005 : création de la société UhrTeil
En 2005, Andreas Strehler dépose les statuts de sa société UhrTeil AG, un jeu de mots qu’affectionne particulièrement son père dont il est très proche : en allemand Uhr Teil veut dire en effet « pièce ou composant de montre » alors que son homonyme Urteil signifie « jugement ».



9. En 2006 : Chronographe pour Maurice Lacroix
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Andreas travaille désormais au développement du calibre ML106 qui animera Le Chronographe Maurice Lacroix. Il reprend des éléments de l’Unitas 6497 mais avec de nombreuses modifications tel compteur 60 minutes (au lieu de 30). En ligne de mire le fameux calibre Venus 175

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10. En 2007 : Opus 7 pour Harris Winston


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La maison Harry Winston fait appel à lui pour la conception de son Opus 7 : Andreas y développe son concept d’affichage alternatif en imaginant de visualiser sur un seul disque les indications d’heures, minutes et réserve de marche tout en ouvrant largement le cadran sur un train de rouages surdimensionné fixé sous un réseau de ponts auquel il donne la forme d’un papillon stylisé dans le style Art Nouveau qu’il affectionne tant.

Une pression sur le protège-couronne et le pointeur H se positionne en périphérie du cadran pour donner l’heure. Une nouvelle pression et le M indique les minutes. Une dernière pression et c’est le R qui fournit la réserve de marche restante sur 60 heures !
2007 est aussi l’année où sa petite entreprise aménage dans de nouveaux locaux à Sirnach. Il se dote d’un atelier de 300m2 attenant à la maison et où une équipe de huit personnes l’assiste.



11. En 2008 : la montre papillon


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Andreas Strehler reprend ensuite sous sa propre marque l’idée du Papillon pour la montre du même nom qu’il présente à Baselworld 2008.
Le papillon de la ligne éponyme est né de la forme d’un pont, pas d’un concept: «Je n’ai pas cherché à créer cette forme, elle est apparue au fil des développements» me dira Andreas
Le bien nommée « Papillon » propose des indications séparées et simultanées de l’heure et des minutes sur deux disques animés par un train de rouages centré sur des roues géantes de 192 et 175 dents.
On note d’ailleurs au passage cette constante remarquable chez Andreas de savoir proposer sous une apparence relativement simple et esthétiquement très réussie des complications techniques remarquables.
Le mécanisme est complexe dans le détail (avec 2 barillets et un système d’entraînement élaboré afin de minimiser l’énergie consommée) mais visuellement léger et aérien.
A noter que le pont central de la Papillon d’or, par exemple, porte 42 angles rentrants, tous polis à la main !

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Affichage mystérieux
Les barillets de montre tournent normalement trop lentement pour afficher les minutes et trop vite pour afficher les heures. Mais dans la montre Papillon c’est différent. En effet, ses barillets ne sont pas totalement liés au reste du mouvement. Ainsi, l'affichage de l'heure peut être ajusté
manuellement. Au-dessus des barillets se trouvent des roues dentées qui corrigent les vitesses et qui permettent aussi la mise à l'heure.

Pont de Papillon
Le design particulier du pont est basé sur sa fonction de support des roues. Pas besoin de mettre d'autres éléments décoratifs. Comme toutes les autres pièces dans la montre, chaque pièce comporte deux fonctions : la fonction mécanique et la fonction esthétique.

Rouage
Les deux roues géantes de 192 et 175 dents chacune se suffisent à elles seules et ne nécessitent pas l'usage d'une troisième. Cette réduction du nombre de roue et le double barillet permettent un gain d'énergie permettant une réserve de marche accrue. Mise à part des avantages mécaniques, cette disposition des rouages permet aussi d'ajourer le mouvement de façon très originale.


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Mouvement
Mécanique à remontage manuel. 18,000 A/h, 19 Rubis
Affichage des heures et des minutes mystérieuses par le rouage lui-même.
80 heures de réserve de marche, double barillet
Forme tonneau: 33.2x30mm, épaisseur 6.9mm

Boitier
-88g d'or gris
-Diamètre 42mm, longueur totale 52mm et épaisseur 10mm
-2 roues en saphir pour l'affichage d'heure et minutes
-Glaces en saphir antireflet
-Montre étanche à 30 mètres
Prix en platine : CHF123’000


12. En 2012 : le modèle Cocon


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En 2012, Andreas fait évoluer sa création en l’emprisonnant symboliquement dans un Cocon : les ponts et le train de rouages admirés sur la Papillon à travers la face squelettée sont maintenant uniquement visibles au verso comme dans une chrysalide. La lecture au cadran redevient plus conventionnelle avec un affichage classique par aiguilles et l’ajout de la petite seconde à 11 heures.


Le fameux pont ailé de la ligne Papillon ne parade plus sur le cadran mais désormais côté poignet.
Le cadran des Cocon, flottant au milieu d’une boîte dont il ne touche pas les bords, est tout en sophistication, mais sobrement habillé d’un guillochage classique. La boîte elle-même présente un équilibre délicat entre force et rondeur, géométrie et « organique ».
La montre est très lisible, pleine de relief et le mouvement est vraiment superbe ! Je retrouve un peu l’inspiration germanique propre à la région de Glashutte avec les secondes décentrées (j’y reviendrai plus tard !)

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Mouvement: 138 éléments, fréquence à 3 Hz / 21‘600 A/h
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Dimension : 32.0 x 30 mm et hauteur = 5.9 mm
20 rubis, double barillet, bords biseautés et polis à la main

Boitier : Or rouge 18 K (couleur: 5N) ou platine
L= 41 mm, L= 47.20 mm, H= 10 mm
Prix= CHF84’000



13. En 2013, la Sauterelle et le prix Gaïa !


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En 2013, avec la Sauterelle, Andreas Strehler ajoute une touche de complication à la Cocon en lui intégrant un dispositif de remontoir d’égalité au niveau du cadran des secondes : le mécanisme de rotation du satellite en étoile qui court de 6° en 6° sur un spiral additionnel permet à l’ensemble du mouvement de conserver une amplitude constante quel qu’en soit le degré de remontage, ce qui lui donne une précision supplémentaire tout au long des 78 heures de réserve de marche disponible.

La famille Sauterelle, dont est issue la Lune perpétuelle, doit son nom au sautillement de son remontoir d’égalité…



Mouvement:
156 éléments, fréquence à 3Hz / 21’600 Alt/h
Dimension = 32.0 x 30.0 mm, H= 5.9 mm, 25 rubis, remontoir d’égalité, double barillet,

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Boitier
Or rose 18 K (couleur: 5N) ou platine
Dimension: l=41 mm, L=47.20 mm, h= 10 mm

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Cadran : Argent et verre saphir. Aiguilles en acier bleuies

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Prix or rose = CHF 92’000
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Le jury du prestigieux Prix Gaïa du Musée International de l’Horlogerie à la Chaux-de-Fonds en a fait son lauréat 2013 dans la catégorie Artisanat-Création, « pour la création de mouvements minimalistes conçus comme de véritables organismes vivants ».


En 2014 : Sauterelle à lune perpétuelle


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En novembre 2014, Andreas entre dans le Guinness book des records avec le modèle “Sauterelle à lune perpétuelle”. C’est la montre avec phase lune la plus précise au monde avec une déviation de seulement 1 journée au bout de 2 millions d’années (2 060 757 précisément) !

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Il faut savoir que le cycle de la lune n’est pas calé sur 30 ou 31 jours mais sur 29 jours 12h 44 minutes 2,9s. C'est la période synodique de la Lune. Cette durée est plus longue que le temps qu'il faut à la Lune pour faire un tour autour de la Terre, sa période orbitale (ou période sidérale), car durant ce laps de temps la Terre s'est aussi déplacée autour du Soleil.

http://img.photobucket.com/albums/v452/Tytil/andreas%20strehler/montres/sauterelle%20or%20gris.jpg


Papillon, cocon, sauterelle : des garde-temps aux noms originaux et français ! pour des créations avec des mouvements mécaniques minimalistes, conçus comme de « véritables organismes vivants ». Ces codes esthétiques constituent à la fois un renouveau et une réinterprétation de l’art horloger traditionnel.

Mouvement
Remontage manuel, 162 composants, 3Hz/21‘600 A/h , 25 rubis, double barillet, remontoir d’égalité
Reserve de marche de 78 heures

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FONCTIONS: Heures, Minutes, Phase de Lune (réglage de 10 minutes tous les 14 000 ans)
CADRAN : En argent. Aiguilles en acier bleuies ou en or
BOÎTIER: 41 x 37.3 mm
FERMETURE : Boucle en or Rouge

RÉSISTANCE À L'EAU : 3atm / 30.m
Prix: or rose CHF98’000



15. Enfin, dernière création par Andreas : la lune exacte

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La Lune Exacte d’Andreas Strehler inclut un remontoir d’égalité et l’indication de phase de lune (la plus précise au monde). Celle-ci ne nécessite qu’un ajustement de 10 minutes tous les 2 millions d’années. L’ajustement s’effectue avec la couronne et est possible dans les deux sens.

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La position de la Lune peut être lue à tout moment avec une précision de 3 heures !

Fonctions : Heures, Minutes, Secondes, Phases de Lune, Echelle Vernier

Mouvement : Remontage manuel ; 21600 alternances/heure.

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Réserve de marche : 78 h
Boîte : 41 x 37.3 mm ; platine ou or rose
Bracelet : Alligator cousu main
Boucle : Ardillon en platine ou en or rose

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Prix or rouge : CHF112’000

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CARPE DIEM !

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