S'appeler Altanus c'est déjà rigolo pour le gaulois moyen ; être un vent ne fait qu'accentuer l'aspect comique du nom : le Pétomane, avec nous ! Quelle idée aussi de donner à une montre le nom latin d'un vent qui ne concerne absolument pas la Suisse puisque Altanus signifie « vent marin ». Autant appeler « Vent d'Autan » la montre dont je souhaite vous entretenir. On aurait ainsi pu dire :
« Une Autan ? Pourquoi pas ? Autant celle-là qu'une autre. »
« Pourquoi posséder une Altanus ? »
Me demanderont peut-être les amateurs de marques aussi réputées que coûteuses.
Nanti d'un sens inné de la répartie, je leur répondrai :
« Pourquoi pas ? »
« Mais pourquoi DEUX Altanus ? » me rétorqueront ceux qui n'auront pas déjà tourné le dos avec un haussement d'épaules méprisant.
Ce à quoi je répliquerai fermement :
« Parce que. »
Ceux qui ne sont pas encore partis doivent alors pousser leur interrogatoire :
« Oui, bon, d'accord, mais pourquoi parce que ? »
Enfin la bonne question !
« Parce que deux Altanus, cela permet de dresser un comparatif et d'écrire une revue .
-Un comparatif! Une revue! entre deux Altanus ?
-Oui Môssieur. (là, je m'adresse au seul lecteur qui est encore présent. Peut-être.)
-Et puis-je savoir pourquoi un comparatif entre ces deux toc...montres ?
-Parce que ça commence à bien faire !
-...?
-Oui, Môssieur, ça commence à bien faire les beaux articles sur de belles montres rédigés par de talentueux auteurs parfois grassement rétribués par de luxueuses revues sur papier glacé, ce qui me laisse froid ou me fait bouillir. Parce que ça commence à bien faire, les photos d'art réalisées par de savants magiciens de la prise de vue, de l'éclairage indirect et du déclencheur au centième de seconde. Je veux parler au nom de ceux qui ont des tocantes à trois sous, moi, pas des « gardes-temps intemporels », ce qui, soit dit en passant est contradictoire, ceux qui, comme moi, ne font que des photos floues avec un appareil sans mise au point automatique, sans X millions de pixels et sans dispositif anti-tremblement. Si donc cela vous intéresse encore, Môssieur, d'abord merci d'être resté là, parce que c'est assez ch...pénible de parler tout seul : c'est la preuve d'une certaine déchéance intellectuelle.
Voici donc mes deux Altanus. D'abord, la « canon de fusil », référence 7735 :


Puis la « Fleiger », référence 6006.


-Je vois que vous connaissez votre sujet !
-D'autant que c'est écrit dessus...Comme vous pouvez le constater ce sont deux objets d'un modèle courant, mais, quand même, pas de ceux que l'on trouve à des prix italiens sur un site international de vente aussi connu que parfois mal fréquenté. Ce sont des Altanus de l'âge « post-vintage » et « pré-moderne ». Les modernes ne nous intéressent pas. Regardons de plus près, sans dégoût ni mépris ces deux presque vieillardes. Quelles sont leurs particularité ?
-Le prix ?
-Oui, ça, c'est un point commun aux deux bêbettes. Elles ne coûtent que quelques sous, ce qui, à notre époque de vive tension monétaire, est une grande qualité. Mais encore ?
-La robustesse ?
-Mais oui ! En effet ! Savez-vous que vous me plaisez, cher Monsieur, avec vos pertinentes réponses? Ces deux montres sont équipées d'un mouvement réputé pour sa robustesse ! Il s'agit, m'a-t-on dit, d'un Unitas.
-Oui, un Unitas 6497.
-Ah ? Un 6497. Bon...mais dites-moi, cher Monsieur lecteur, seriez-vous un spécialiste ?
-Non. Mais tout le monde connaît le calibre Unitas 6497. On l'appelle le tracteur.
-Ah ? Le tracteur ? Quel rapport avec un tracteur ? Depuis quand ça fait « Tic-Tac » un tracteur ? Un tracteur, c'est ça :



-Mais non ! Ça c'est un tracteur moderne, un peu comme …un chronomètre-chronographe-co-axial. Il arrive que ça tombe en panne et bonjour les réparations ! Moi je vous parle d'un vrai tracteur mono-cylindre rustique basique, qui fait « Boom! Boom! Boom », comme ça.


(Un Société Française, pour les amateurs de pièces rares)

-Donc, mon Unitas est un calibre qui fait « Boom ! Boom ! Boom ! » ? Et ben dites-donc ! Je suis bien content de l'apprendre, mais je vous rappelle quand même que c'est moi qui parle de ce calibre, Môssieur, le Lecteur, pas vous ! Je disais donc que ce mouvement Unitas, dont je veux bien vous concéder qu'il se prénomme 6497, comme D2R2 dans Star War s'appelle D2R2, équipe les deux Altanus dont je souhaite vous entretenir si vous ne m'interrompez pas à chaque instant. Sur l'une il se cache :



Sur l'autre, il se montre. Pourquoi ?



-Pour ma part, je ne vois pas l'intérêt qu'il a à se montrer. Pas de côtes de Genève, mais des ponts qui semblent gravés de sillons de labourage, pas d'angles soigneusement tombés, mais coupés à la serpe, pas de polissage raffiné, mais du brut de décoffrage, pas de rubis délicatement sertis, mais semés à même le sol...
-Et alors ? vous avez déjà vu des rubis sur un tracteur, vous ? Vous avez déjà vu un champ lissé comme un miroir, vous ? De mon côté, je trouve qu'il a raison de se montrer, «... dans le simple appareil d'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil... »
-Pardon ?
-Cherchez pas, c'est du classique, encore plus vieux que le vintage. Donc, sur l'une, il se montre. C'est le modèle snob. Le modèle m'as-tu-vu. Le modèle « Fleiger ». Tout de suite, ça vous pose le personnage. L'autre, c'est le modèle « canon de fusil ». Avez-vous conscience que c'est un étrange rapprochement ? D'un côté le rappel d'un pilote de chasse, de l'autre celui d'un chasseur de gibier.
-C'est pareil.
-Euh...ma foi...passons. Alors, qu'est-ce qui les différencie ?
-C'est vous le conférencier, non ? Mais je dirais, les aiguilles. Les unes sont des glaives, pour le côté guerrier, les autres des ailes mouches, pour le côté post-guerrier.
-... ?
-Oui, les cadavres.
-Oh ! C'est d'un goût !
-On peut rigoler, non ? En tout cas, sur la « Fleiger » elles sont vachement lumineuses la nuit, les aiguilles, c'est du Luminova de première qualité, ça, et même pas radioactif ! Alors, la lecture, de nuit comme de jour, je tire mon chapeau. Même un vieux comme vous y parvient sans peine. Par contre la « canon de fusil », avec vos yeux...



-Non mais dites donc, vous avez fini de me prendre pour un vieillard sénile ?
-Sénile ? Pas tout à fait. Mais vous auriez quand même pu parler des différences de formes du boîtier, non ? Du dessin des anses non ?





De la lunette bien plus ouverte sur la « Fleiger » que sur la « canon de fusil », non ? Alors que la « canon de fusil » a un boîtier de 50 sur 43 millimètres pour seulement 48 sur 43 pour la « Fleiger ». Vous auriez pu dire que cette dernière porte un bracelet de 20 millimètres contre 22 pour la première.





Que la « canon de fusil » pèse cent grammes, pour seulement quatre-vingt à la « Fleiger ». Que la « Fleiger » dispose d'un chemin de fer autour du cadran des secondes...



-Un chemin de fer ? Dans un avion ?...
-Comique pitoyable digne de l'almanach Vermot, mon pauvre vieux. L'autre bénéficie d'un pourtour gradué sur soixante minutes.



-Voilà qui lui fait une belle jambe. C'est peu ou prou illisible. Si encore elle avait une trotteuse centrale ! Et puis je ne suis pas votre pauvre vieux.
-Mais enfin, très cher ancêtre, c'est un mouvement de montre gousset adapté en montre-bracelet ! C'est pour ça que le cadran des secondes est à neuf heures. Si vous voulez une trotteuse centrale, faut le dire ! Mais ce ne sera plus un calibre Unitas.
-Ah ?
-Ben non. Ce sera un ETA 2824 ; et il y aura même la date !



-Pfft...nobody's perfect...
-Comme vous dites.
-Donc, je résume. Altanus, c'est pas cher.
-Non.
-Altanus, c'est costaud.
-Oui.
-Altanus c'est simple comme un vieux tracteur qui fait « Boom!Boom !Boom ! »
-Oui.
-Mais voilà qui est fort bon ! Au fait, Môssieur mon lecteur, je vous rappelle quand même que c'est moi qui devais dire tout ça, pas vous !
-Ben oui, mais vu votre âge, j'ai voulu vous aider.
-Oh !
-Au fait, noble vieillard, il y a encore un point que vous avez oublié dans votre discours.
-Qu'est-ce, Lecteur moqueur ?
-Avez-vous essayé de dénicher une Altanus Fleiger, ces temps derniers ? Ou une canon de fusil ?
-Et pour quoi faire ? J'ai ce qu'il me faut, Lecteur taquin !

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Je tiens beaucoup à ma montre, c'est mon Grand Père qui me l'a vendue sur son lit de mort (W. Allen)

L'Altanus flieger connu un certain succès il y a quelques années , son prix serré pour un unitas n' y était pas étranger, son nom non plus.

Bonsoir Capitaine,
je ne connaissais pas... Ce n'est pas le genre de montre avec laquelle on "flatulare altius anus" = traduction, approximative, mais en bon gaullois je n'ai pu résister, de "péter plus haut que son cul"... J'ai mes excuses, il pleut, encore... Merci pour la présentation et ça me fait penser que bientôt j'en aurais besoin d'un tracteur avec toute la flotte que l'on se prend depuis 4 semaines... La Cote d'Azur? C’était mieux avant...

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Always look on the bright side of life!

Merci pour cette revue amusante !

Sans vilain jeu de mot, ton texte gagnerait à être aéré - pour faciliter la lecture, bien entendu...

L'Unitas est un très bon calibre, et s'il a été utilisé par beaucoup d'emboîteurs, dont Panerai, c'est parce qu'il présente d'excellentes performances chronométriques quand il est un minimum "préparé".

Tu évoques les montres de la "haute", mais dans le lot, il y en a beaucoup qui devraient s'inspirer de ces performances.

Pour ma part, je trouve ce calibre tout de même un peu grand pour une montre-bracelet.

Concernant le nom, j'ai résolu le problème avec cette vieille dame suisse, au nom apparenté, qui attend sagement sa révision :



Produite au début des années 50, selon toute vraisemblance.

Fond de boîte marqué par estampage, avec par dessus une jolie finition brossée :



Le calibre est doté de grandes côtes de Genève alternant avec des surfaces adoucies :



Les platines sont sales, avec notamment l'huile qui s'est étalée, mais quand tout sera bien propre...

Là aussi, il y a matière à trouver son bonheur...

amicalement

Servatempus

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Le renversement est le mouvement du Tao, la faiblesse sa modalité.

Toujours un plaisir de vous lire,

merci

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Du coté de chez swatch . Marcel Proutch

» L'Altanus flieger connu un certain succès il y a quelques années , son prix
» serré pour un unitas n' y était pas étranger, son nom non plus.
AH BON?

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Je tiens beaucoup à ma montre, c'est mon Grand Père qui me l'a vendue sur son lit de mort (W. Allen)

La Cote d'Azur? C’était mieux avant...
Avant, ou à vent?

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Je tiens beaucoup à ma montre, c'est mon Grand Père qui me l'a vendue sur son lit de mort (W. Allen)

» merci
Moi de même

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Je tiens beaucoup à ma montre, c'est mon Grand Père qui me l'a vendue sur son lit de mort (W. Allen)

Faudra que je pense à aérer, O.K., mais sinon, ça gaze?

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Je tiens beaucoup à ma montre, c'est mon Grand Père qui me l'a vendue sur son lit de mort (W. Allen)

Oui 2006/2007
Une petite revue:
http://kaltan1.free.fr/Altanus.html

Je connaissais cette revue. Il y en a eu d'autres...

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Je tiens beaucoup à ma montre, c'est mon Grand Père qui me l'a vendue sur son lit de mort (W. Allen)

Merci Capitaine pour ce post intéressant, d'autant que j'aime beaucoup les fliegers.

Un bémol peut être, si je peux me permettre ? Il est dommage que vous n'ayez pas laissé la parole à John au sujet de l'Unitas. En effet, sur ce sujet, on a intérêt à laisser John dire...

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"Ah ! Si c'était une œuvre, alors là!! Là, c'est autre chose."

Il est dommage que vous
» n'ayez pas laissé la parole à John au sujet de l'Unitas. En effet, sur ce
» sujet, on a intérêt à laisser John dire...


celle-là, elle est bonne. Massey a ri.




Cela dit, je vais être contraint de prier les modérateurs de retirer cette revue: outre le fait qu'elle prête à des évocations à caractère grivois, l'un de nos amis m'a fait remarquer aimablement et par MP, pour que cela reste entre nous, que j'avais commis une impardonnable faute d'orthographe en écrivant Fleiger à la place de Flieger. Je reconnais que c'est inadmissible. C'est un peu comme si j'avais écrit Steinhart à la place de...

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Je tiens beaucoup à ma montre, c'est mon Grand Père qui me l'a vendue sur son lit de mort (W. Allen)

Ach, in der Bretagne lernt man nicht deutsche Sprache !!

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"Ah ! Si c'était une œuvre, alors là!! Là, c'est autre chose."

» Ach, in der Bretagne lernt man nicht deutsche Sprache !!

Ich spreche kein deutsch, aber ich spreche Deutz

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Je tiens beaucoup à ma montre, c'est mon Grand Père qui me l'a vendue sur son lit de mort (W. Allen)

Excellent !
Ça me rappelle une montre à répétition dont je me suis hélas séparé : une Fergusson (toujours deux fois)

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"Ah ! Si c'était une œuvre, alors là!! Là, c'est autre chose."

Dans ce monde un peu surfait, souvent superficiel et m'as-tu-vu, de la mécanique horlogère, vous êtes, Capitaine Morbihanais, un des très rares qui savent allier l'originalité du sujet avec l'élégance du style...

Donc: Merci.

» Dans ce monde un peu surfait, souvent superficiel et m'as-tu-vu, de la
» mécanique horlogère, vous êtes, Capitaine Morbihanais, un des très rares
» qui savent allier l'originalité du sujet avec l'élégance du style...
»
» Donc: Merci.

Ma foi, j'essaie de tracer mon sillon

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Je tiens beaucoup à ma montre, c'est mon Grand Père qui me l'a vendue sur son lit de mort (W. Allen)